Mémoria Sortis
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 [BG Sombre] Allia (bon courage à qui le lira)

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4 participants
AuteurMessage
Crystale




Nombre de messages : 29
Date d'inscription : 20/03/2009

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MessageSujet: [BG Sombre] Allia (bon courage à qui le lira)   [BG Sombre] Allia (bon courage à qui le lira) Icon_minitime11/4/2009, 10:32

C’est parti ! Croyez-moi, je ne cherche pas à battre un record de longueur ;-)

Nom : Belnord
Prenom : Allia
Age : 101 ans
Culte: Shiléniste
Race: Sombre



Description physique :


Allia possède la plastique propre aux canons de sa race. Pourvue d’un corps gracieux et froid, ses formes sont généreuses mais son visage trop implacable pour être franchement beau. Les rares moments ou elle sourit illuminent ses traits, pour mieux les retourner à la haine dont elle est plus coutumière.
Elle s’habille de façon provocante, et sa démarche suit un même cheminement.


Histoire :

Lorsque je sortis de la tour des mille-morts, le soleil s’était couché depuis longtemps, mais un contingent m’attendait, sourires aux lèvres. Tous ces visages familiers avaient attendu longtemps que se termine mon épreuve, mais me voyaient et devinaient que j’étais victorieuse à mon attitude fière.

Mes amies s’avancèrent à mes côtés en me congratulant mais sans effervescence toutefois, car derrière elles, les ainées nous regardaient d’un œil critique.

La matriarche Sshillia s’avança vers moi. Je reprenais une attitude digne et hautaine en la recevant.

_ Allia de Belnord, tu as aujourd’hui triomphé des épreuves, tu as traversé le feu de Ignoor et bravé Chassepluie. Là-bas, tu as attendu une lune et observé un jeûne de deux jours avant de revenir avec la pierre de savoir. Montres-la nous maintenant !

J’obtempérais et sortais de mon sac, porté en bandoulière, la pierre convoitée, qui semblait être constamment entourée d’humidité. Je la brandis en l’air, accompagnée par les vivats de mes sœurs et de la plupart des jeunes qui se trouvaient là.

Je laissais l’exaltation m’emporter tout en observant les réactions de la matriarche. Son visage semblait serein et heureux, pourtant, je ressentais la tension qui montait déjà entre nous. A partir de cet instant, je le savais, nous lutterions jusqu’à la défaite de l’une de nous deux.

Et il était évident que je serais celle qui gagnerait.

_ Allia, tu vas désormais pouvoir te reposer pour te préparer à ta nouvelle vie. Dès demain, tu deviendras une mage des ténèbres. Tu devras pleinement te consacrer à ton travail, aussi, je t’ai offert un présent pour te libérer des tâches communes. Tu le recevras dès demain. Ce soir, la nuit t’appartiens, profites-en bien.

Sur ce, elle se retourna et s’en alla, accompagnée de ses partisans, sa suite et ses plus jeunes élèves. Et tandis qu’autour de moi se massaient mes proches qui attendaient que je leur narre mes exploits, je la regardais partir avec un sourire carnassier.

La nuit fut mouvementée, mais sans excès. Je commençais déjà à voir en mes jeunes suivantes une masse qui ne cherchait qu’à s’approprier mes grâces tout comme je l’avais fais avant elles. Je les laissais faire tout en commençant à observer une certaine distance.

Je rentrais me coucher tandis que les premières lueurs de l’aube pointaient, suivant avec difficulté la direction de mes quartiers désormais situés le long de l’aile ouest du temple de la nuit. J’avais choisi cette section pour favoriser l’isolement qu’imposait ma nouvelle vie. Après plusieurs jours à errer, jeuner et combattre les démons, je devais avouer (bien que seulement à moi-même) que j’étais dans un état d’épuisement total. Après avoir poussé la lourde porte de ma chambre, je m’effondrai sur mon lit en m’endormant immédiatement.


Il me sembla qu’il ne s’était passé qu’un bref instant lorsqu’un bruit sourd me réveilla. Je m’assis péniblement, sourcillant face aux rayons de soleil qui traversaient la pièce. Dans l’embrasure de la porte se trouvait une humaine et un sombre qui s’inclina respectueusement devant moi.

_ Ceci, commença t’il avec un geste dédaigneux de la tête en direction de l’humaine, est le présent de sa Haute Matriarche Sshillia fille d’Erandal. Elle est désormais votre esclave et la Matriarche demande que vous en usiez comme bon vous semble pour vous soulager dans votre travail.
Je reniflais avec mépris.
_ Tu peux disposer, je vais m’occuper d’elle.
Ma voix trahissait mes abus de la veille et j’en fus irritée. Le sombre sortit discrètement en refermant la porte derrière lui. Maudite soit cette vieille carne ! Elle veut m’attendrir avec un agneau.
L’humaine était bien évidement petite, il me semble même qu’elle était petite pour sa race. Elle était bien en chair, avec un visage aux pommettes rondes et rosées. Ses yeux étaient grands et son regard vif balayait la pièce en tout sens avant de se poser sur moi.

Nous restâmes un instant à nous scruter ainsi, nous jaugeant mutuellement.

Je n’avais pas eu d’esclave auparavant. Mes parents vivaient en retrait à la campagne et j’avais coupé tout contact avec eux. La pratique de l’esclavage était monnaie courante au temple, même si les pieds impies des humains étaient interdits autours des statues sacrées et autres lieux de culte.
La plupart des sombres traitaient leurs esclaves avec violence et les soumettaient rapidement. Il me sembla que c’était une bonne façon de procéder. Cependant, je n’avais pas l’esprit assez clair pour commencer maintenant.
_ Ranges-moi cette chambre sans bruit et prépares moi un bain. Tu viendras alors me réveiller. Si tu le fais trop brutalement, tu goutteras du fouet.
Sur quoi je replongeais dans mes couvertures avec un grognement sans m’occuper de savoir si elle avait comprit mes directives.

Une pression douce sur mon épaule me tira lentement du sommeil. J’ouvris péniblement les yeux et vis mon esclave qui posait sur moi son grand regard curieux.
Je grognais et me redressais doucement pour éviter de provoquer des élancements douloureux. Avec lassitude je me dirigeais d’un pas trainant vers le bain fumant. Elle avait disposé quelques herbes aromatiques tout autour qui donnaient une odeur musquée à l’ensemble accentuée par les vapeurs montantes. Laissant choir ma chemise, je glissais une jambe dans le bain… pour la ressortir aussitôt !
_ C’est brulant, imbécile ! Je l’attrapais par le cou, tel un animal et désignait le bain de la main : Nous prenons nos bains tièdes, la chaleur nous indispose ! A présent, ajoute de l’eau froide.
Je la repoussais violemment, mais pas suffisamment pour la faire tomber. Son corps était plus lourd que ce que sa taille suggérait. Comme tous les humains. Des êtres d’une lourdeur sans nom dans tout ce qu’ils faisaient.
Elle n’avait pas réagit autrement qu’en se crispant légèrement durant l’altercation, et elle ajouta un seau d’eau froide sans sourciller.
Je me laissais enfin aller dans le bain, d’une température appréciable cette fois. Les odeurs étaient une bonne idée, mais je me gardais bien de le lui dire. Quand soudain, un détail me traversa l’esprit.
_ Ou a tu trouvé ces épices ?
Elle se dirigea vers mon étagère et désigna - était-elle donc muette ? - mes pots à herbe.
Lorsqu’elle me vit sortir en trombe pour me diriger vers mon nécessaire d’alchimie, éclaboussant tout sur mon passage, elle se recula dans un coin de la pièce, sans cesser de me regarder.
J’attrapais une jarre et regardais dedans. J’avais vu juste, elle avait prit mes racines broyées de Gïnbën.
Je me retournais vers elle, la poterie à la main et la projetait dans sa direction. Elle ne fit pas un mouvement pour l’éviter tandis que la jarre se brisait contre le mur à un pied de sa tête.
Nue et dégoulinante, je l’invectivais d’insultes et de grossièretés ordurières et obscènes tandis qu’elle continuait à me dévisager les yeux grands ouverts.
Je finis par retourner dans le bain, transie de froid, lui ordonnant de ranger le désordre.
Je m’habillais ensuite tout en l’ignorant. Je préparais mes affaires et me dirigeais vers la porte. Avant de la passer, je prononçais une formule au terme de laquelle une lueur bleue douce auréola l’ouvrant et la jeune humaine. Elle se tourna vers moi, interrogative mais pas effrayée.
_ Te voilà liée à cette chambre, désormais tu ne pourras plus traverser cette porte sans ressentir une douleur que ton cervelet ne saurait même pas imaginer. De même, si tu t’éloignes t'en éloigne trop, ce qui serait le cas si tu souhaitais passer par les fenêtres, tu éprouverais une douleur similaire.
Je m’arrêtais un instant pour savourer les effets de mes paroles sur l’esclave, mais je fus déçue. Elle se contentait de conserver son air impassible et vaguement surprit. Je me retins d’aller la frapper et lui ordonnais une liste de tâches à faire avant mon retour sans lui préciser quand se situerait celui-ci.

Je me rendais à ma première journée de travail et d’enseignement. J’avais un petit groupe de jeunes élèves. Des débutants.
Etais-je ainsi à leur âge, ignorante et tâtonnante dans mon savoir ? J’avais été parmi les meilleurs très rapidement, mais je ne me souvenais pas de mon niveau à ce jeune âge.
La matriarche me rendit visite durant mon cours, je la sentis arriver avant même qu’elle n’ouvre la porte.
Après un regard doucement sévère à l’ensemble de la classe qui s’était levée dans son intégralité à son arrivée, elle se tourna vers moi.
_ Comment se passe ta première journée Allia ? Tu n’as pas trop de difficultés ?
Je lui fis la réponse convenue, tout juste ce qu’il fallait de politesse.
_ A-tu reçu mon présent ? Te conviens t-il ?
_ Je l’ai reçu matriarche, honoré soit vôtre nom, révérée votre mémoire.
C’était aussi la formule de politesse appropriée.
_ Prend soins d’elle, afin que toujours elle puisse t’aider dans tes tâches.
C’était une forme d’avertissement. Si je la tuais, ce serait extrêmement mal perçu. Cette garce de Sshillia venait de s’arranger pour que je ne puisse pas me débarrasser de ce phénomène. La mort d’un esclave ne chagrinait jamais personne, cependant, détruire un cadeau de la matriarche était autre chose.

Depuis que je savais que j’allais passer mage des Ténèbres, la place de matriarche m’était apparue comme la suite logique de ma progression. Cependant, Sshillia ne semblait pas être sur le point de me passer le flambeau ou de mourir. Aussi, l’affrontement allait commencer. Et il serait aussi bien diplomatique et verbal que magique. Je laisserais la matriarche gagner les deux premières parties si tel était son bon vouloir. De par sa position, elle jouissait d’un avantage indéniable à ce niveau sur moi. Mais quand viendrait le temps de l’affrontement, quand mes études et ma sapience en termes de magie s’élèveraient au-delà de mes limites actuelles, alors c’est par la magie que j’écraserais cette sorcière.
Après le départ de la vieille sombre, la journée se passa dans une relative euphorie liée à la nouveauté. Je m’occupais des cours durant quart-nuit, puis participait aux adorations et réflexions après la mi-nuit. Après cela, je retournais à mes appartements pour élaborer de nouveaux sorts, ôter des maléfices, préparer des potions.

A mon arrivée dans ma chambre, je retrouvais l’esclave endormie à même le sol. Elle s’était roulée en boule et posée sur le tapis épais. Toutes mes directives avaient été scrupuleusement suivies.
Un instant, je fus furieuse qu’elle se soit endormie durant son office, puis je me souvins que les humains ne suivaient pas notre cycle diurne. Ce qui ne m’empêcha pas de fermer brusquement la porte.
Elle sursauta et se tourna en tout sens, désorientée.
_ Papa ?
Le son de sa voix me surpris. J’avais eu à peine le temps d’en apprécier le flûté. Cependant, elle m’avait semblé très musicale. Bien évidement, je n’en montrais rien et maudit encore une fois la vieille femme qui m’avait envoyé cet agneau pour m’amadouer.
Ses yeux tuméfiés par le sommeil finirent par se poser sur moi. Elle se releva péniblement et resta debout dans la pénombre de la chambre. Les lumières bleutées dansaient sur ses vêtements à présent sales. Par Shillen, il va falloir que je lui achète de quoi se vêtir. Je commençais à regretter mon sortilège d’entrave qui la liait à ma chambre, mais je ne savais pas l’ôter moi-même. Je ne m’étais jamais inquiétée de libérer quelqu’un auparavant. Ainsi elle resterait enchainée aux appartements, incapable d’aller se chercher de quoi s’habiller.
_ Suis moi.
Elle s’exécuta et je l’emmenais dans une penderie dans laquelle je décrochais une robe de nuit. Sur moi, elle venait coller mon corps, aussi je supposais qu’elle irait plus ou moins à l’humaine.
_ Enfile ca. Demain, lorsque je partirai travailler, tu te nettoieras.
Malgré la relative douceur du ton de ma voix, elle ne manifesta aucune forme de réaction particulière, attrapa l’étoffe et regarda autour d’elle. Les humains et leur pudeur…
_ Je vais me coucher, enfile là et retourne t’allonger.
Ainsi s’achevait ma première nuit de travail. Je la ruminais, dans mon lit, les yeux rivés au plafond, avec le bruit léger de la respiration de l’esclave pour me bercer.

Les trois jours qui suivirent furent éprouvants, et je rentrais tous les matins épuisée. Aussi je ne faisais que croiser l’humaine, qui trainait dans la maison avec mes chemises de nuit trop longues. Elle faisait plutôt bien son travail et en silence. C’est tout ce qu’il me fallait pour l’instant. Une maladresse lui coûta une gifle, mais ce fut le seul incident à déplorer.
Le quart-nuit suivant était mon dernier de travail en extérieur. Les trois jours qui suivraient seraient libres. Je devrai travailler, mais ne serait tenue par aucune obligation de délai ou d’horaire. Ainsi j’espérais avoir le temps de lui acheter des vêtements et pratiquer un peu de magie pour la progression de ma maitrise personnelle.
A l’idée de ce repos dûment mérité, je m’attelais à cette dernière nuit de travail avec entrain. Au termes de mes leçons, je mangeais à minuit avec Masashi, une étudiante qui venait de passer sa maitrise tout comme je l’avais fais une semaine plus tôt. Sa compagnie m’était agréable car je savais ne rien risquer avec elle. Son niveau ne lui permettait pas de rivaliser avec moi et elle n’en avait visiblement pas l’intention. Notre discutions dériva sur les centres d’intérêts de Masashi, ce qui me permis d’apprendre qu’elle pourrait potentiellement défaire l’enchantement de mes apparentements. Elle me rejoignit donc après le travail et nous regagnions mon logement en discutant.


Dernière édition par Crystale le 19/4/2009, 17:21, édité 2 fois
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Crystale




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MessageSujet: Re: [BG Sombre] Allia (bon courage à qui le lira)   [BG Sombre] Allia (bon courage à qui le lira) Icon_minitime11/4/2009, 10:33

A notre arrivée, l’humaine se trouvait dans un coin de la pièce, en train de ranger des livres. Elle se tourna vers nous et nous dévisagea (pour changer).

_ Oh, tu as une esclave, remarqua Masashi avec une pointe de jalousie dans la voix.
Elle commença à scruter la porte en analysant et commentant mon travail.
_ Je ne pourrais pas la désenchanter, mais je connais quelqu’un qui pourrait le faire. C’est Ibben, dans les quartiers de morwen-la-pourpre.
_ Hon, je connais… J’irais le voir.
Mon amie s’était tournée vers l’esclave qui lui rendait son regard. Elle s’adressa à moi d’un air distrait.
_ Ca ne te dérange pas si je repasse te visiter occasionnellement… Ce serait bien de s’épauler mutuellement et d’échanger quelques paroles.
_ Oh, et bien oui. Si tu veux.
Masashi avait d’autres spécialités magiques que moi, et je pourrais peut-être tirer parti de sa présence.
_ Masi ? ca va ?
_ Hon… ? oui, oui…
Elle n’avait pas détourné le regard de l’humaine.
_ Je vais y aller maintenant.
Enfin elle se tourna vers moi et m’adressa un sourire avant de me saluer et de sortir. Longtemps après son départ je regardais les escaliers descendants, songeuse.


Le lendemain, je me rendais chez Ibben dès le quart-lune. Après lui avoir expliqué ma requête, il me demanda de projeter un pouvoir similaire sur une jarre qui se trouvait dans un coin de son échoppe. Il siffla entre ses dents en commençant à analyser le sort.
_ Tu n’y vas pas avec le dos de la cuiller, comme disent les humains.
_ Tu peux le désenchanter ? Demandais-je avec humeur.
Il chercha encore un instant avant de me répondre qu’il passerait le lendemain. Il faudrait que je mette plus tôt des herbes de Carel au pied de la porte.
En sortant de chez lui, je trouvais une échoppe de tissus et vêtements qui m’était inconnue. Je m’attardais un instant entre les étals, avant de prendre une tenue simple mais relativement élégante, en coupe droite et en jupe arrivant au genou, plus commode que ses robes longues actuelles, sans toutefois l’humilier comme ne manqueraient pas de le faire les tenues des elfes noires, minimalistes et prêt du corps. D’ailleurs, son physique n’était pas assez pulpeux pour être habillé par ce genre de tenue.

En revenant vers la maison, je ressassais mon achat. Il m’avait coûté cher. Lorsque je commençais à négocier, le marchand me suggéra une tenue en toile de jute, plus proche des braies que des vêtements. Je m’étais emportée, lui faisant savoir que je ne tenais pas à avoir une tenue qui ne soit pas élégante, même si celle-ci se destinait à une esclave. Et maintenant je commençais à me demander s’il n’avait pas raison. L’humaine allait certainement me regarder bizarrement, prendre la tenue, chercher un endroit se changer, puis allait continuer son travail comme tous les jours.
Je soupirais. Même en toute objectivité, je ne pouvais reconnaitre que Sshillia m’avait eu avec son esclave, mais je devais avouer que mon comportement avait changé à son contact. Et je me demandais si je le regrettais…
Quand tout un coup, je pris conscience de mes pensées, je pris la résolution de ne pas me laisser faire. Certes, il y avait une forme affective dans notre relation, cependant Sshillia avait été stupide de croire que cela allait m’obnubiler. J’avais su marier la colère et la douceur. La matriarche avait cru que j’étais de ceux qui ne se remettent pas en question, et elle avait eu tort.
C’est d’un pas rapide et léger que je traversais les étals et rejoignais les temples désolés.
J’ouvris la porte de ma chambre et jetais sans agressivité ses nouveaux vêtements à mon esclave, sans regarder sa réaction.
_ J’ai beaucoup de travail, je vais au laboratoire, ne me dérange pas pour des futilités.
Je passais toute la nuit dans mon laboratoire, à m’entrainer à la magie. Je ne comptais pas les heures et m’investissais pleinement dans mon travail, oublieuse de toutes mes autres préoccupations. Le soleil était levé depuis plusieurs heures lorsque je sentis une magie libérée en bas, en direction des appartements. Je descendais rapidement les escaliers puis écartais les tissus qui séparaient la tour du laboratoire des appartements. J’entendais une voix étouffée qui me parvenaient au loin. Je m’avançais rapidement, comme saisie d’un mauvais pressentiment.
Lorsqu’enfin j’entrais dans la pièce du bain, Masashi tenait mon esclave contre le mur, par la gorge. De l’autre elle promenait un minuscule couteau le long de son corps. L’esclave se contentait de froncer les sourcils tout en secouant la tête pour montrer sa désapprobation.
_ Masashi !
Elle se détourna vivement tout en pointant son arme avant qu’elle ne reprenne le dessus sur son instinct.
_ Allia… je n’ai rien fais. Je ne lui aurais pas fais de mal !
En la voyant, je sus qu’elle était sous l’emprise, bien que partielle, de l’humaine. Je m’avançais vers elle d’un pas sûr.
_ C’est un présent de la matriarche, tu ne dois pas la mutiler.
Ma voix était extraordinairement calme.
_ Maîtrise toi, ce n’est qu’une humaine, dis-je en la regardant.
Mais alors je vis sur elle les vêtements que je lui avais offert. Dans un élan de coquetterie, elle s’était tiré les cheveux en chignons, que l’altercation avait ébouriffés. La tenue la rendait… Jolie.
_ Pars, maintenant !
J’avais presque hurlé, et Masashi partit sans demander son reste, nous laissant seules. Mon souffle se fit haletant et je me détournais violemment avant de repartir dans mon laboratoire presque en courant. Arrivée là-bas, je pris appui sur une table de travail. Ma poitrine se montait et s’abaissait au rythme irrégulier de ma respiration. Je criais et repoussais tous les ustensiles du plan de travail, qui tombèrent et se brisèrent avec fracas. Je m’asseyais contre un mur en regardant les fumées et ingrédients qui voletaient de toute part.

Le lendemain, je partais en ville avant même que la nuit ne soit là. Si bien que je ne vis pas l’humaine. Je ne m’étais pas changée et avais passé le jour entier dans le laboratoire, sans dormir. Je passais mon temps de travail à m’acharner après mes élèves, trouvant dans la colère une échappatoire idéale. Lors des prières, alors que nous étions tous rassemblés, la matriarche se dirigea vers moi. Je me préparais mentalement à l’affrontement.
_ Bonjour, Allia, comment vas-tu ?
_ Votre présence est bienfait, votre esprit est satiété votre grandeur.
C’était une formule de politesse ancienne, pour ne pas dire antique. La vieille dame sourit, ses partisans l’entouraient. Comme mouche sur le cul de la vache ! Mes pensées s’échappaient avec poésie de mon esprit.
_ J’ai ouïe dire, poursuivit Sshillia, que tu avais demandé de l’aide à Ibben Eermind pour ôter l’un de tes enchantements. La prochaine fois, n’hésites pas à venir me voir afin que je t’enseigne en la matière.
Elle poursuivit, mais je n’entendis pas la suite. Mon sang s’était glacé dans mes veines dès le début de sa tirade. Elle m’avait eu… Devant tout une assemblée. Demain, on ne parlerait que de cela…
Lorsqu’elle eu finit son discours, je m’inclinais le minimum possible, les poings serrés, puis je me détournais et filais dans mes appartements tel une furie.

Lorsque j’entrais en trombe dans ma chambre, l’esclave lavait le sol à grandes eaux. J’y glissais et percutait violement le plancher. J’aurais du tenir compte du fait que je sois rentrée deux heures plus tôt que d’habitude, en déboulant à toute allure et que, de toute façon, l’humaine aurait certainement subit mon courroux. Cependant, sans penser à tout cela, je projetais un souffle de givre vers elle, envoyant ses jambes en l’air et la faisant chuter lourdement au sol, sa tête heurtant, avec un bruit sourd, son seau d’eau avant que son corps ne repose inerte au sol.
Je passais une main humide dans mes cheveux en soupirant. Je me relevais en gémissant, m’approchait de la jeune femme en boitillant et m’accroupissais à ses côtés. Le constat n’était pas très beau. Un examen magique m’appris que la blessure à la tête, bien que saignant beaucoup, était bénigne. Par contre, ses jambes étaient bleutées par le froid et le givre avait figé ses mollets avec le sol mouillé.
Si je n’intervenais pas rapidement sur la blessure, elle perdrait vraisemblablement de sa mobilité à vie, sa circulation arrêtée trop longtemps. Une nouvelle fois, je soupirais, puis j’arrangeais son corps ; mettant ses bras en ligne et redressant avec douceur sa tête. J’écartais les mèches de cheveux rebelles qui dansaient sur son front. Je me mettais ensuite à genoux en alignement avec son corps et posait sa tête sur mes cuisses que le froid teintait de violet. Je plaquais mes mains contre ses tempes et me concentrais. Au bout d’un instant, je quittais ma position, satisfaite, et m’approchais, toujours à genoux, de ses jambes. Je plaquais mes mains sur ses mollets, commençant par la zone la plus atteinte. Le froid me brula lorsque j’invoquais les forces nécessaires à chasser la blessure.
Lorsque j’eus fini mes soins, je prenais un instant pour respirer. Et calmer mon cœur qui se mettait à s’emballer… Que me fais donc cette maudite femelle… Je fermais les yeux vivement et relevait la tête en gémissant. Tout comme avait du le ressentir Masashi la veille, je commençais à ne plus pouvoir me contrôler. Je me mordais la lèvre inférieure et serrais mes poings à m’en faire blanchir les phalanges. Ainsi, je pus reprendre lentement contrôle sur moi-même. Je baissais doucement la tête et rouvrais les yeux.
Elle me regardait, de son regard portant toujours cette étrange expression en elle.
Je ne savais plus quoi penser, complètement désemparée. La nuit avait été trop pénible pour que je puisse continuer à raisonner de façon cohérente.
_ Est-ce que c’est la matriarche Sshillia qui t’envoie pour m’affaiblir ?
Si elle avait du répondre à une seule question dans sa vie, ce n’est pas celle-ci que j’aurais choisi. Cependant, je n’avais pas réfléchi et n’attendais pas plus de réponse.
Après un instant d’hésitation, elle hocha la tête.
Je sursautais en la voyant réagir. Ce n’était certes pas verbal, mais cela me fi le même effet. Son incertitude me fit supposer qu’elle spéculait plus qu’elle n’affirmait.
Je ne savais quelle conduite adopter. Je pouvais me mettre à lui parler et ainsi la ramener au rang d’égale. Nous pourrions vivre ainsi… Quelques temps du moins. Mais ce genre de situation n’avait pas d’avenir. Sinon, je devais m’emmurer. M’endurcir mentalement pour ne plus me laisser influencer par sa présence. J’avais cru pouvoir biaiser, et il était évident que je m’étais trompée. Mais le choix de la logique s’imposait à moi avec évidence. Je serais maitresse et elle esclave. Je ne serais pas la pire, et ne lui ferais pas souffrir de sévices par perversité, comme certains de mes confrères les pratiquaient, mais je serais ferme et la corrigerais lorsque ce serait nécessaire.
Et je sus en prenant cette résolution que je m’y tiendrais.
Je me relevais, les membres engourdis. Puis je l’attrapais sans affection par les aisselles et la tirais vers le tapis épais je l’allongeais. Elle avait tenté de minimiser la charge en m’aidant, mais pour l’heure, ses jambes ne lui répondaient plus. Je la posais, essoufflée, et me redressais.
_ Tu…
Je reprenais mon souffle.
_ Tu as bien faillit me rendre folle, mais j’ai repris le contrôle et crois moi, je ne le perdrai plus.
Est-il utile de dire qu’elle me dévisageait ?
_ Repose-toi à présent, car dès demain, tu devras reprendre ton travail, quelque soit ton état.
Satisfaite, je me détournais et allais travailler au laboratoire. J’invoquais un esprit fantomatique afin qu’il prévienne Ibben que je ne souhaitais plus recourir à ses services et le remerciais.

Deux semaines passèrent ainsi, dans un quotidien monotone. Mon esclave ne fit rien de particulier, quant à moi, je la traitais comme je n’aurais jamais du cesser de le faire. Je ne comprenais pas bien sous quels termes la matriarche s’en servait contre moi, mais mon imagination me suffisait amplement.


Dernière édition par Crystale le 11/4/2009, 15:16, édité 1 fois
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Crystale




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Date d'inscription : 20/03/2009

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MessageSujet: Re: [BG Sombre] Allia (bon courage à qui le lira)   [BG Sombre] Allia (bon courage à qui le lira) Icon_minitime11/4/2009, 10:34

Un jour, Masashi se présenta à ma porte. La mine sombre, elle m’adressa ses excuses pour son attitude. D’abord sévère, je finis par les accepter, désireuse de retrouver la seule amie que j’avais. De plus, je ne pouvais me vanter de m’être bien comportée. Je la laissais dont rentrer.
_ D’où la tiens-tu ? Me demande t’elle après que je lui eu servi un jus d’écorce de nim.
Elle avait du mal à en détacher le regard.
_ La matriarche… Mais j’imagine que tu veux plutôt savoir d’où elle vient ?
La sombre hocha la tête. Je m‘enfonçais dans les coussins épais de mon canapé.
_ Je n’en sais rien. Et elle ne parle pas, ce qui est peut-être mieux finalement.
Nous nous étions isolées dans la salle de détente, l’humaine loin de nous.
_ Elle est muette ?
_ Non, je l’ai entendue parler une fois dans un demi-sommeil.
Nous sommes restées un instant sans mot dire. Masashi brisa la première le silence.
_ Les personnes qui ne parlent pas ont souvent un lourd passé derrière eux…
_ Ou ont été victimes d’abus d’une sorte ou d’une autre, répliquais-je.
Mais la théorie de mon amie tenait plus la route que la mienne. L’humaine n’avait pas les réactions craintives ou soumises qu’avaient certaines personnes qui avaient été battu ou abusé sexuellement.
_ Que vas-tu faire désormais ? Tu cherche toujours à remplacer Sshillia ?
Je m’étonnais de la perspicacité de Masashi, à qui je ne m’étais pourtant pas ouverte de mes projets.
_ Toujours, oui, fis-je avec assurance.
Masashi posa une main amicale sur mon épaule.
_ Je serais avec toi, tu sais. Si tu as besoin de mon aide.
Son geste me toucha et je n’ajoutais rien si ce n’est un regard de remerciement.
La fraternité est rare entre sombre, et je ne doutais pas que, suivant l’issue du combat contre la matriarche, Masashi se tourne vers le vainqueur.

En tout cas, c’est ce que j’aurais fait à sa place.

Une routine s’installa ainsi. Je travaillais un minimum de temps, supportant stoïquement les remarques de la Matriarche. Je me jetais ensuite comme une forcenée sur l’étude de ma perfection magique. Seul les visites de Masashi brisaient quelque peu cette monotonie, elle s’était mise à la consommation de Fleurïs, une herbe amer qui provoquait une douce euphorie de la part des consommateurs. Elle était très en vogue chez certains étudiants en fin de parcours et chez les jeunes travailleuses qui avaient du mal à se concentrer. Cependant, je me gardais de cette substance. Mes rapports avec mon esclave restaient à peu prêt à l’identique. J’étais la maitresse, elle était soumise, et je faisais sorte que tout reste en place. Ainsi passèrent quatre mois, sans qu’aucun événement majeur ne vienne perturber notre quiétude. Jours après jours, je me persuadais que si la Matriarche avait voulu me déstabiliser, c’est qu’elle avait peur de moi, et mon niveau grandissant me donnait confiance en notre affrontement à venir dont la date approchait rapidement, je le sentais.

Ma confiance grandissait, les attaques verbales de la matriarche allaient de même, si bien que, par une nuit d’été, je résolus que le moment était venu. Je sentais mes capacités magiques battre en moi avec une puissance décuplée. Les autres élèves de mon âge me semblaient balbutier leurs pouvoirs, tandis que je tonnais ma puissance. Aussi, c’est sans hésitation que je me dirigeais cette nuit là vers la matriarche, le cœur battant à tout rompre, mais la main ferme. Je m’inclinais devant elle, et pour la première fois depuis longtemps, je le fis avec respect. C’est la dernière fois, vieille pie !
_ Haute Matriarche Sshillia fille d’Erandal, je demande à être instruite de votre savoir au cours d’une joute de puissance.
C’était la seule façon de se battre entre nous de façon civilisée. Je ne pouvais la tuer ou l’attaquer sans raison. Alors je la battrais au cour d’un entrainement comme le voulait la coutume. Ma victoire m’attirerais la faveur des anciens, et obligerait la vieille Matriarche à quitter son poste, ou à rester dans la honte ; ce qui revenait au même pour moi, car soit je serais Matriarche, soit on me considérerait comme tel.
_ Ne préférerais tu pas que nous fassions cela dans mes appartements ?
J’eu grand peine à me retenir de sourire. Elle avait peur d’être humiliée publiquement, et venait de le faire savoir à tous. Elle savait parfaitement ce qui allait se jouer ici, et moi aussi. Bien sur, j’avais anticipé cette question.
_ Je ne souhaiterais pas que notre joute endommage votre chambre, de plus, je suis familière du terrain d’entrainement.
Le plus jeune avait traditionnellement préséance pour choisir le lieu du combat. Elle pouvait briser la tradition, mais j’en doutais.
_ Fort bien, dit-elle en soupirant imperceptiblement. Allons-y maintenant en ce cas.
_ Je vous suis, votre grandeur.
Le titre était légèrement exagéré, puisqu’il était plutôt réservé aux souverains, mais une telle hypocrisie transperçait dans ma voix que son sens ne laissait pas de place au doute.
Ainsi, nous nous rendions sur le cercle d’entrainement. Tous nous suivaient, trainant derrière nous un espace de murmures et d’agitation. Une foule s’assembla autour du cercle. La matriarche n’avait pas été défiée (bien que ce ne soit pas le terme officiel) depuis dix ans au moins, et elle avait battu son adversaire, la vieille Léirit, de justesse. La vice-matriarche s’était retirée depuis. Aujourd’hui, il semblait que tout le royaume était venu voir le spectacle, à tel point que je commençais à regretter de ne pas avoir prévenu la matriarche plusieurs jours à l’avance.
Nous nous fîmes face. J’avais pris une tenue serrée et légère. Tout juste composé de quelques bandelettes de cuir qui n’entravaient pas mes mouvements. A l’opposée, la matriarche avait une longue robe noire.

Plusieurs pages ne seraient pas suffisantes à vous décrire notre combat, mais je dois avouer ne pas avoir la force de vous narrer ce moment. Qu’il suffise donc de dire que ce fut une hécatombe. Une véritable et inénarrable catastrophe durant laquelle je pris une correction tel que jamais personne ne m’en avait infligé. Entre nos deux niveaux il y avait un fossé immense et je finis le combat épuisée, blessée, ensanglantée et terrifiée. Chacune de mes attaques avait été défendue, chacune de mes défense avait été passée et tandis que je sautais sur le côté, projetais, reculais, courais, la matriarche était restée simplement debout ; une main devant elle, et l’autre retenant sur le côté les plis de sa robe.
Lorsqu’enfin se termina l’incroyable supplice, elle s’avança vers mon corps fumant et malgré moi, j’eus un mouvement de recul et me protégeais instinctivement le visage. Elle approcha sa tête jusqu’à ce que sa bouche atteigne l’ouverture de mon oreille et chuchota.
_ Je viens d’un temps, jeune arrogante, où le niveau n’avait rien avoir avec celui d’aujourd’hui. Je viens d’un temps, poursuivit-elle implacablement, la première était bien plus puissante que ce qui se fait aujourd’hui. Je viens d’un temps, ajouta t’elle enfin, l’on nous dressait à être les meilleurs à coup de fouet et de privation. On nous battait, on nous isolait et on nous tournait les uns contre les autres pour devenir les meilleurs
Elle se recula légèrement pour me regarder avec froideur. Fort heureusement mes yeux étaient en train de se fermer et je sentais l’inconscience salvatrice venir.

Ténèbres…

Je repris conscience dans ma chambre, j’avais été posée négligemment sur mon lit. Mes yeux tuméfiés s’ouvrirent juste le temps de voir l’esclave qui lavait mes blessures à l’aide d’une éponge humide.
Le pire était surement de savoir que la matriarche avait retenu ses coups pour ne pas me tuer… Mais pour l’heure, je ne voulais plus penser. J’avais tout perdu, tout échoué, et plus rien à quoi me raccrocher. Je me rendormais en pleurant silencieusement, sans savoir si l’humaine me vis larmoyer ou non.
Il me fallut deux jours pour guérir de mes blessures, qui toutes, étaient bénignes. L’esclave s’occupait de moi comme d’un enfant. J’étais inerte et hagarde, abrutie d’une douleur plus mentale que physique.

Je repris le travail après une semaine, la tête basse. J’étais une ombre et je n’arrivais toujours pas à penser clairement. L’humaine ne m’incitait pas particulièrement à parler ou à me taire, par ailleurs, je la remarquais tout juste. Après une semaine supplémentaire à ce régime, Masashi passa me voir. Comme je ne répondais pas lorsqu’elle frappait à ma porte, ce fut l’humaine qui prit sur elle de lui ouvrir. Mon amie avança. Même sur son compte je me suis trompée. Car la jeune sombre était bel et bien là pour me réconforter, contrairement à ce que j’avais prévu. Je me sentais d’autant plus misérable. Mais elle vint tous les jours suivant, me faisant la conversation sans faiblir. Tant et si bien que je finis par reprendre le dessus progressivement. Répondant d’abord par à coups, puis de plus en plus fréquemment. Je me rendis compte que j’avais négligé mon hygiène et me remis à une norme de vie plus saine. Je n’étais pas encore pleinement remise et je manquais cruellement d’assurance et de but, mais un début de réaction commença à se faire ressentir.
Chacune de mes rencontres avec la Matriarche étaient un véritable supplice. Mais je finis par m’y faire.

_ Que vas-tu faire maintenant ? me demanda un soir Masashi tout en humant les vapeurs de Fleurïs qui sortaient de mon pot à encens.
Elle avait du sentir que j’allais mieux, et c’était vrai.
_ Je ne sais pas trop… Je suis un peu perdue.
L’humaine nous servit du thé d’écorce.
_ Alors suis mon conseil, me dis Masashi tout en plantant son regard rendu légèrement vitreux par la drogue dans le mien. Continue ! Reprend tes apprentissages dans ta tour, recommence à t’entrainer doucement, et sois patiente.
Un conseil fort avisé, que je mettais en pratique une semaine après, mais très progressivement. J’avais fait descendre à mon esclave la plupart du matériel de ma tour dont j’avais besoin, car mon corps restait fatigué par son combat et mettrait plusieurs mois avant de se rétablir pleinement.

Et ainsi, chaque fin de nuit, après avoir fini le travail, je m’attelais à mes pouvoirs tandis que l’humaine virevoltait à ses tâches ménagères autour de moi.
S’il y avait une nette amélioration chez moi, mon travail, en revanche, n’allait pas en s’arrangeant. Je manquais cruellement de motivation, maintenant que je n’avais plus en moi la détermination nécessaire pour envisager de m’attaquer une nouvelle fois à la place de Matriarche.
Ainsi continuaient les semaines suivantes. Il m’arrivait occasionnellement de profiter des venues de Masashi pour consommer un peu de Fleurïs, qui m’aidait à passer plus facilement mes épreuves quotidiennes. La salle de détente baignait souvent dans la fumée à l’odeur âcre, et l’esclave fronçait les narines de désapprobation à chaque fois qu’elle entrait ici. Mais je l’ignorais, supposant qu’elle finirait par s’y faire.
Pour ajouter encore davantage à mes vices, pour lesquels Masashi était une parfaite instructrice, je me mettais également à consommer de l’alcool. Là aussi, je faisais preuve de modération, mais le mélange des deux produits me fit passer quelques nuits d’euphorie à discuter avec mon amie.
L’esclave s’intéressait à la lecture et m’avait emprunté un traité intitulé : « Les familles nobles de Giran ». Il indiquait comment les puissantes familles qui tenaient la ville aujourd’hui s’y étaient installées. Si son choix m’avait surpris, je ne lui en dis rien et la laissais lire durant son temps libre.
Mon quotidien était donc un mélange entre progrès, régression et vices. De plus, je n’avais pas encore déterminé si je souhaitais continuer à convoiter la place de matriarche, ou si ma vie allait me satisfaire ainsi. L’extraordinaire différence de niveau entre nous deux me pétrifiai parfois par le seul fait d’y penser. Et pourtant…


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MessageSujet: Re: [BG Sombre] Allia (bon courage à qui le lira)   [BG Sombre] Allia (bon courage à qui le lira) Icon_minitime11/4/2009, 10:35

Lors de l’une de mes nuits de travail, je la croisais tandis qu’elle s’arrêtait à mon niveau. Je gardais la tête baissée, plus par crainte que par humilité. Elle releva mon menton et tourna ma tête de droite et de gauche.
_ La consommation de Fleurïs est faite pour se libérer l’esprit lors de cérémonies de passage ou de périodes de communion.
Elle avait lâché sa tirade avec sécheresse.
_ Je ne pensais pas que vous aviez encore l’âge des cérémonies de passage !
Je retournais chez moi avec une rage qui me rappela les autres épreuves quelle m’avait fais subir les mois passés, et cette colère me rassura. Comme si elle avait fait remonter en moi quelque chose de perdu.
En entrant chez moi, je découvrais l’humaine, penchée sur mon pupitre, en train de… faire de la magie ?
Un instant je restais interloquée. Elle se retourna d’une traite et me regarda, interdite.
Nous restâmes à l’arrêt ainsi, tandis que les bruissements d’arbres dehors se faisaient entendre, seul bruit en ce moment figé.
La fureur me prit, décuplée par la cuisante remontrance de la Matriarche. Sans réfléchir, je projetais le même souffle glacé qui avait faillit lui couter les jambes quelques semaines plus tôt, mais cette fois, ma hargne m’empêcha de viser et le sort partit la projeter de plein fouet.
Il l’aurait tuée à coup sur si l’humaine n’avait pas dressé devant elle un bouclier magique à la lueur verte. J’écarquillais les yeux de surprise et projetais sans plus réfléchir, un éclair qui crépita dans l’air avant d’être absorbé dans sa main. Elle était concentrée comme jamais.
Dans le quart d’heure qui suivit, nous nous bâtîmes dans tout l’appartement. Boules acides, tempêtes, souffles divers s’ensuivirent, éventrant meubles et poteries. L’esclave se débattait comme une furie, redoublant d’ingéniosité pour arrêter mes coups. Mes attaques se succédaient et, comme la mer contre les murailles, allaient et venaient inlassablement. A quel moment notre duel passa de combat mortel à jeu ? A quel moment mes hurlements de fureur se transformèrent en rires ? A quel moment se mit-elle à sourire lorsqu’elle me voyait débarquer dans une pièce pour projeter mon sort…
Elle avait une technique débutante mais une puissance innée absolument fabuleuse. Il était clair qu’elle avait simplement apprit en m’observant. De mon côté, c’était tout au contraire une technique de pointe avec un manque de pratique lié, je le compris, à une étude de la magie trop théorique.
Notre combat ne s’acheva que progressivement, alors que mes ressources commençaient à s’épuiser et qu’elle-même ne supportait plus mes attaques incessantes. Nous nous trouvions alors dans la salle de détente. Elle était à genoux, un bras appuyé sur la table basse et l’autre pendant mollement. Elle était trempée de sueurs et respirait laborieusement. Je m’avançais sur les genoux vers elle en incantant avec difficulté. Je n’étais pas dans un meilleur état qu’elle. Et lorsqu’elle me vit ainsi, les bras levés, à moitié riante et incapable de terminer ma formule, elle se mit à rire.
C’était un rire cristallin ; profond et léger. C’était merveilleux. Et ca me stoppa net.
Elle me sauta dessus, me faisant tomber sous elle. Elle me plaqua les mains au sol et le temps sembla se suspendre. Son corps plaqué contre le mien était petit et léger, mais les travaux quotidiens avaient implanté des muscles là ou chez moi ne se trouvait qu’os et chair et il était clair qu’à la lutte, je ne ferais pas un pli, ce qui me fit prendre conscience de la gravité de la situation.
Alors que nous haletions, je la scrutais, cherchant à comprendre ce qui pouvait lui passer par la tête.
Mais elle me sourit et roula avec un soupir sur le côté, se trouvant couchée sur le dos à côté de moi. J’attendais un instant sans bruit, et pour une fois, je pris part à son silence avec un plaisir intense, ce moment extraordinaire, proche de l’extase. Je savais qu’il allait disparaitre d’un instant à l’autre et ne savais pas encore ce qui allait se passer ensuite, mais maintenant, je profitais simplement de l’instant présent.
Comment avait-elle pu me laisser en vie ? Cela m’échappait. Elle aurait au moins pu m’assommer et tenter de détruire la porte, voire annuler le sort qui la liait, bien qu’il me semble improbable qu’elle y parvienne. Les appartements étaient loin de tout, une fuite était donc envisageable. Mais elle était restée et pour la première fois, je me demandais qui elle était, d’où elle venait, et ce qui l’avait amenée ici. Je me rendis compte que je ne lui avais jamais demandé son nom ou encore son âge. Toutes ces questions prirent soudain une importance nouvelle. Je remarquais également, en la regardant vraiment pour la première fois depuis des semaines, quelle avait changée. Elle avait mincit, et son visage s’était fait un peu plus mature, les lignes plus affirmées. Si elle n’était pas belle au sens esthétique du terme, son charisme était de ceux derrière lesquels des nations entières marchent aveuglément, et je sus qu’en d’autres circonstances, les rôles auraient put être bien différents.
Je sus alors qu’elle ne serait plus mon esclave… Au mieux elle travaillerait pour moi, mais je ne pourrais plus la considérer comme mon esclave.
Comme m’extirpant d’un rêve, je pris conscience de mon environnement, des fumées, des meubles fracassés, des traces noircies sur les murs et de l’odeur, mélange d’encens, de poudre et d’âcreté.
Je me redressais péniblement et m’étirais en gémissant. Comment allions-nous ranger tout cela ?
L’humaine était restée allongée, à contempler le plafond. A quoi pense-t-elle ? Je lui tendis la main. Elle riva son regard dans le mien avant de la prendre et de se redresser sans une plainte. Nous nous mîmes ensuite à ranger en silence, ce qui nous occupa la fin de la nuit.

Alors que je traversais la pièce les bras chargés de livres en plus ou moins bon état, la porte s’ouvrit et Masashi entra. Elle fit le tour de la salle de ses yeux mi-clos avant de s’arrêter sur moi.
_ Il s’est passé quoi ici ?
Je posais mes affaires en réfléchissant rapidement. Bien qu’elle passe presque tous les jours, je n’avais pas encore pensé à une explication. En tant qu’amie, je lui devais la vérité, et c’était probablement la seule personne que je connaisse à pouvoir l’entendre, cependant, je sentais que je devais garder les pouvoirs de mon esclave pour moi. Je me redressais et voyais l’humaine, qui me regardait avec une sorte d’avertissement dans les yeux, que je savais désormais mieux déchiffrer que le langage.
_ J’ai fais quelques expériences magiques qui ont mal tournées. J’imagine qu’ont fait ça en laboratoire pour une bonne raison habituellement…
Je ne saurais dire si mon amie me crut ou non, mais elle hocha la tête et entra. Ensemble nous finîmes de mettre de l’ordre. Lorsque le soleil fut haut dans le ciel, nous nous arrêtions pour boire un thé. Mais, tandis que je regardais l’humaine qui commençait à nous préparer notre boisson, je l’interrompis.
_ Ta journée est finie, va te reposer.
J’eus droit à quartes yeux qui se posèrent sur moi interrogateurs, mais l’esclave (je devais continuer à penser à elle ainsi si je ne voulais pas faire de faux-pas) fit demi-tour et alla se coucher.

Ce fut le début d’une nouvelle période durant laquelle je vécus quelque chose d’unique avec l’humaine. J’écourtais le plus possible ma nuit de travail –ce qui me valut quelques réprimandes supplémentaires de la matriarche- tandis que l’humaine faisait ses tâches avant de s’entrainer à la magie. Je la rejoignais ensuite pour l’enseigner. C’était une élève studieuse à l’intellect remarquable et la barrière du langage ne nous fit défaut qu’à quelques rares occasions. Nous mangions ensemble, ce que Masashi finit par surprendre sans toutefois faire de commentaires. Je mis un point d’honneur à ne plus boire ou consommer de fleurïs, sans que cela n’entache les relations que nous entretenions. Ainsi passa un mois, et tandis que mon travail se désagrégeais sous mes pieds, j’allais de plus en plus vers le bonheur, bien que sachant pertinemment que tout ceci toucherai bientôt à sa fin, sans toutefois savoir comment.

Par une chaude nuit d’été, à la fin de notre entrainement, je m’approchais de l’humaine.
_ Tu fais d’énormes progrès, et, grâce à toi, j’ai également bien progressé. J’étais arrogante et fière avant, et je m’attelais à mon apprentissage avec hargne. Mais mes limites étaient évidentes. Je ne sais pas pourquoi, mais avec toi j’ai progressé. Alors je tenais à te remercier.
C’était étrange parfois, de faire un monologue avec elle. Et pourtant son regard semblait toujours me répondre. Tandis que je me retournais, elle me parla.
_ L’ombre et la lumière.
Je me retournais, mais elle était déjà repartie à ses occupations, et je sentais que je n’obtiendrais rien de plus. Je méditais donc sa réponse, premières paroles qu’elle m’adressait ou adressait d’ailleurs à qui que ce soit depuis que je la connaissais.

L’explication qui me vint immédiatement fut celle de ma réussite. Elle m’indiquait que les ombres (moi) avaient besoin de lumière pour exister (elle). L’ombre n’existe pas sans lumière… Et je dois avouer que j’avais découvert que je pourrais sacrifier ma vie pour elle, et que je ne pouvais dire cela de nul autre. Elle était ma quête, mon désir, ma raison de vivre et mon retour à la vie. Je n’éprouvais pas un désir physique pour elle, ou du moins pas au sens charnel du terme, mais plutôt celui du chasseur envers sa proie lorsque celui-ci traque en sachant qu’il respecte trop sa cible pour lui faire mal. Mais je voulais aussi la comprendre, la connaitre et l’avoir pour moi seule.

Mais après réflexions, je sentis un autre sens dans ses propos sans réussir à saisir lequel. J’y pensais les trois jours suivant, manquant à tous mes devoirs au travail, tant et si bien que lors de ma dernière nuit, la matriarche me renvoya chez moi avec force réprimande. L’ombre et la lumière. Est-ce que ca ne cachait que cet évidence… Ou m’envoyait-elle un autre message plus profond ? Et tant qu’à parler, pourquoi ne dévoiler qu’une demi chose ? Pourquoi ne pas s’expliquer clairement ? Avait-elle peur de dire certaines choses… Ou encore pensait-elle être entendue ?


Dernière édition par Crystale le 11/4/2009, 16:31, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [BG Sombre] Allia (bon courage à qui le lira)   [BG Sombre] Allia (bon courage à qui le lira) Icon_minitime11/4/2009, 10:36

Je rentrais dans ma chambre et nous fîmes nos exercices sans que je lui fasse part de mon trouble, bien qu’à l’évidence, elle l’eu remarqué. Notre leçon dura une heure lorsque j’entendis quelqu’un gravir les marches. Masashi. Il était peut être temps que je me confie à mon amie, elle pourrait m’aider à trouver des réponses. Mais lorsque la porte s’ouvrit, se fut la Matriarche qui entra. Je me figeais sur place tandis qu’elle s’arrêtait sur le palier et passait la pièce sous son œil inquisiteur. Elle marcha sans mot dire vers mon pupitre, l’humaine s’était écartée dans un coin de la pièce et baissait humblement la tête. Sshillia passa un doigt distrait sur la reliure d’un vieux livre qu’elle m’avait offert, des années plus tôt, puis elle se tourna vers moi.
_ Vôtre travail est déplorable ces derniers temps Allia. Et je pense savoir pourquoi…
Elle jette un regard écœuré à mon esclave.
_ Même si vous n’aviez pas le niveau magique auquel vous prétendiez, vous étiez un bon élément parmi nous. Mais aujourd’hui, vous n’êtes plus rien.
Elle fit une pause pendant laquelle j’attendais, tendue. S’agissait-il d’un simple avertissement ou venait-elle régler le problème de façon plus radicale.
_ Lorsque je vous ai apporté ce présent, c’était pour vous aider. Mais si j’avais su quel effet cela aurait sur vous… Je plaçais de grands espoirs. Mais vous les avez ruiné par votre soif de pouvoir, et aujourd’hui par ça !
Elle la désigna du doigt sans la regarder.
_ Je l’emmène, c’est fini pour elle.
Et elle se dirigea d’un pas déterminé vers le coin de la pièce. Mon cœur battait à tout rompre et je cherchais les mots, les suppliques, ou n’importe quoi d’autre qui pourrait la faire changer d’avis.
_ Non, vous ne l’emmenez pas.
Ma voix était ferme et assurée, bien que je ne me sente pas un tel courage.
Je projetais un éclair crépitant vers elle, mais, bien que surprise, elle dressa ses défenses à temps. J’intensifiais mon pouvoir, saisie d’un besoin de protéger l’humaine qui s’était recroquevillée dans la pièce. Mais la différence de niveau était décidemment trop énorme pour être franchie et elle arrêta totalement mon sort.
Elle ne m’envoya même pas de contre-attaque, mais reprit sa marche vers ma protégée qu’elle saisit par le bras.
_ Vous perdez le contrôle, Allia. Cette catin vous a perverti l’esprit, et je vais en finir avec cette histoire. Après cela, vous vous repentirez et nous considérerons que vous aviez été sous son contrôle. Vous n’en subirez qu’une légère honte.
La matriarche ne m’avait considéré à aucun moment comme une menace… C’en était pitoyable.
Lorsque l’humaine se défit de sa poigne griffue, Sshillia projeta une légère attaque magique. Et cette fois elle fut sous le choc en la voyant bloquer instinctivement son attaque. Je ne lui laissais pas de répit et projetais un nouvel éclair, lui appliquant toute la puissance dont j’étais capable. La matriarche leva les mains devant elle pour le contrer et j’eus la brève satisfaction de voir qu’elle devait se concentrer pour l’arrêter. Bien qu’il fut évident que jamais je n’arriverais à la battre, je forçais comme une furieuse, appliquant toute mon énergie, puisant au plus profond de mes ressources. Mes yeux se révulsèrent et du sang coula le long de mes oreilles et de mon nez sous l’effort. Je hurlais tandis que la puissance me brulait les bras et que Sshillia commençait à prendre le dessus. Je sentais mes forces s’amenuiser, pourtant je poursuivais, entièrement focalisée sur ma cible. Mes jambes tremblaient et je mis un genou à terre tout en continuant à pousser un cri guerrier et je poussais.
L’issue du combat fut amené par l’humaine qui était restée en retrait. Sa puissance magique était considérable mais essentiellement défensive. Au mieux, elle aurait pu me protéger, mais n’aurait fait que prolonger mon supplice. Au lieu de cela, elle avança avec détermination vers la vieille sombre et lui envoya un coup de poing magistral en plein visage. Elle fut surprise et relâcha son attention un instant.

Un instant de trop.

Je me redressais d’un coup et décuplais complètement mon sort, oublieuse des effets sur mon corps ou mon esprit. Un feu incandescent s’ajouta aux éclairs et un bruit assourdissant se répercuta dans toute la maison. La matriarche se redressait tandis que la vague magique se déversait sur elle, la vaporisant en un instant, de même que le mur contre lequel elle se tenait qui explosa en une intense détonation, projetant pierres et gravats et laissant une ouverture béante sur la forêt alentours.
Le silence s’installa, seulement coupé par mes halètements et le vent qui s’engouffrait dans la pièce. Je tombais à genoux, puis allongée sur le côté. Mes bras fumaient et mon corps était agité de tremblements, du sang s’échappait de quelques lésions mineurs, mais également de mon nez, roulant le long de ma joue. L’humaine se rua sur moi et tomba à genoux devant mon corps. Elle me prit la main et pleura en silence tout en se balançant d’avant en arrière. Je contemplais le plafond avec satisfaction.
_ Je t’ai sauvé…
Ma voix était faible et claire. A mes mots, elle me prit dans ses bras et me redressa. Cela déclencha en moi une douleur sans nom, mais je ne lui dis rien, les bras ballant et les yeux fermés, sentant ses pleurs couler dans mon cou.
_ Tu dois partir maintenant. Ils arriveront bientôt. Même à cette distance le bruit à du arriver en ville.
Elle secoua la tête. Et je sentis qu’elle voulait m’emmener avec elle.
_ Je suis morte à présent. Laisses moi. Tu m’as apporté la paix et le bonheur alors va… Je veux que tu vives. Tu m’as permis de comprendre tout le sens de l’existence, le seul intérêt pour lequel il vaille de se battre. Je pars l’esprit serein. Vas, je t’en prie.
Elle continuait à sangloter, et pourtant, comme elle avait du me haïr ! Est-ce que les trois dernières semaines de mon existence pouvaient rattraper les dizaines d’années qui avaient précédées ?
Je levais péniblement une main et lui enserrait faiblement la nuque. Elle se redressa et posa son front contre le mien. Ses yeux étaient rougis et larmoyants. Elle se pencha sur moi et le temps se suspendit. Cela dura un instant, puis elle me déposa au sol avec douceur et se redressa.
_ Pardon…
Et elle partit à grandes enjambées, me laissant seule. Bonheur nostalgique et tristesse teintée d’amertume se disputèrent en moi tout un moment, mais mon corps mourant me rappela à l’ordre. J’eus encore quelques spasmes violents qui m’arquèrent au sol. Je me débattais contre la douleur et le mal qui s’insinuait en moi, périssant à petit feu.
Dire que je ne craignais pas la mort aurait été une exagération, cependant, je l’abordais sereinement. Mais par la Déesse, ne pourrait-elle pas se hâter à me prendre !
Mais il semblerait que ma souffrance devait encore perpétuer. Et je continuais à me tortiller faiblement en gémissant, mes mouvements de plus en plus lents, ma respiration de plus en plus sifflante. Je ne pouvais plus bouger depuis longtemps lorsque Masashi entra dans la pièce. Mes yeux vides étaient fixés sur le plafond sans toutefois le voir.
_ Par Shillen ! Allia, j’arrive !
Elle me prit dans ses bras et je m’évanouissais immédiatement.

Je reprenais connaissances plusieurs jours plus tard, alitée et totalement affaiblie. Je replongeais dans le sommeil et me réveillais à plusieurs reprises. Je reconnus assez rapidement la petite maison de Masashi dans le centre de Rahi, le minuscule village qui se trouvait non loin de chez moi. Elle me visita deux fois avant que je n’arrive à parler. Elle m’expliqua qu’elle m’avait sortie dans la forêt et soignée par la magie avant de me cacher dans des feuillus. Elle avait indiqué aux gardes une direction imaginaire vers laquelle je me serais enfuie. Les cérémonies funèbres pour la Matriarche avaient lieu depuis une journée et dureraient encore cinq jours supplémentaires.
De mon côté, je lui racontais tout, y comprit ce que je ne lui avais pas dit jusqu’à aujourd’hui, et la nature de mes rapports avec l’humaine. La jeune sombre m’avait sauvé la vie et m’avais toujours soutenue, même lorsque je ne valais plus rien, je lui devais dont bien cela.
_ L’ombre et la lumière ?
_ Oui. C’est ce qu’elle a dit…
_ Ca parle de la nature de ce que vous étiez l’une pour l’autre ?
Je ris. Masashi n’avait pas comprit mais elle m’avait permis d’arriver à mes propres conclusions. Tout était simplement question de point de vue.
_ Qu’est-ce qu’il y a de si drôle ?
_ Pas grand-chose j’en ai peur. Mais je viens de comprendre. J’avais supposé qu’elle voulait dire que même la plus ténébreuse des créatures à besoin de lumière. C’était le sens, mais cela voulais également dire que même la plus lumineuse des créatures à besoin de ténèbres.
Masashi fronça les sourcils en réfléchissant.
_ C’est bien beau, mais qu’y a-t-il de si négatif là-dedans ?
_ Elle cherchait à me faire savoir qu’elle avait besoin de moi. Mais si elle l’avait fait avec une telle discrétion et par un message subtil, c’est parce qu’elle était entendue…
Cette fois, ce fut la perplexité qui fit place sur le visage de mon amie.
_ Je ne suis pas sûr de comprendre tu veux en venir…
_ On l’avait envoyée se faire capturer pour en apprendre plus sur nous. Elle voulait m’avertir, en me disant cela, que nous étions toutes les deux des pions. Ainsi, tandis que je m’approchais d’elle, elle s’approchait des sombres, de leurs connaissances, de leur vie, de leurs coutumes et de leur…
_ Magie !
Je hochais la tête.
_ J’ignore encore qui l’envoyait, mais le fait qu’elle ait communiqué si discrètement ses indices me laisse clairement penser qu’elle n’était pas volontaire…
J’imaginais que l’humaine faisait partie d’une famille puissante et influente qui l’avait forcée par je ne sais quel moyen à soustraire des informations. Elle avait l’intellect, la capacité magique et était charismatique. Assez pour me faire tomber sous le charme en tout cas.
Je me renfonçais dans les coussins du lit, songeuse mais satisfaite d’avoir compris.
_ Que vas-tu faire maintenant ? Il se faudra peu de temps avant que quelqu’un remarque ta présence ici… Je te couvrirais aussi longtemps que je le pourrais, mais…
_ Ne t’inquiètes pas, je ne compte pas te mettre dans l’embarras. Je te dois la vie, je ne vais certainement pas d’incommoder plus que nécessaire. Quand à mes intentions… (J’hésitais) je vais aller la retrouver.
Je marquais une pause avant d’ajouter :
_ Il serait ridicule de le nier désormais, j’ai besoin d’elle, comme elle me l’a si subtilement fait remarquer. Et peut-être pourrais-je l’aider à se sortir de la situation ; qu’elle quelle soit, dans laquelle elle se trouve.
_ Tu manques de pistes pour la retrouver. Et le monde est vaste… En plus elle te croit morte.
_ Mais elle m’a laissé un autre indice. Il y a quelques temps, elle m’avait emprunté « Les familles nobles de Giran ». Je pense qu’elle n’a pas choisi ce livre par hasard. Si mes souvenirs sont bons, il relate l’histoire des quatre familles principales de la ville. Il n’en existe que deux aujourd’hui qui ne se sont pas éteintes. Voilà de quoi commencer mes recherches.
Il y eu un silence pendant lequel je commençais à organiser mentalement mon départ.
_ Alors tu t’en vas, hein ?
Elle posa une main amicale sur mon épaule et me sourit tristement.
_ J’espère que tu la retrouveras, même si je ne sais pas ce qui en ressortira. Et j’espère aussi que tu reviendras me chercher quand tout ce sera calmé. Avec qui vais-je boire maintenant ?
Je lui souriais à mon tour, sans comprendre pourquoi j’avais mérité une si bonne et fidèle amie.

Je partais cinq jours plus tard, plus ou moins remise, profitant de la cérémonie de clôture de l’enterrement de la matriarche. Je ne serais plus jamais aussi capable en magie, j’avais poussé trop loin dans mes réserves. De plus, mes bras portaient les stigmates de mon combat et les cloques et boursouflures avaient laissé la place à des auréoles violacées que je dissimulais sous des gants pour ne pas trop éveiller l’attention.

Mes adieux avec Masashi furent émouvants, mais brefs car tant que j’étais dans les alentours, je restais très vulnérable. Je m’enfuis donc de jour et me dirigeait vers Giran avec prudence. A chaque chaumière je m’arrêtais pour demander aux paysans si ils n’avaient pas croisés une humaine correspondant à la description que je leur faisais, mais je ne rencontrais bien généralement que peur ou mépris à mon égard. Lors d’une matinée, l’un d’entre eux plus courageux que ses congénères, brandit son bras devant lui en m’interpellant :
_ N’avez-vous donc pas assez de semer le chaos autour de chez vous pour devoir venir sur nos terres pour nous traquer ? Que pouvez-vous bien avoir à faire avec cette jeune femme ?
Je souris, ce qui fit fuir l’homme, et j’ajoutais pour moi-même :
_ L’ombre et la lumière.



Et voilà, c’est fini. Si jamais ca intéresse quelqu’un (déjà si quelqu’un lit jusqu’au bout), j’encourage toute personne à souhaiter faire un BG croisé avec l’humaine ou Masashi. Si quelqu’un le souhaite, qu’il m’envoie un message.

Le dessin ne devrait pas tarder, mais pour l’instant je n’en ai pas encore. Désolée également pour la longueur, mais même ainsi, je trouve que la relation entre l’humaine et la sombre est trop rapidement racontée. De plus, à titre d’info, dans l’histoire tel que je l’avais prévue à l’origine, le personnage d’Allia mourrait au terme de la bataille contre la matriarche, et je jouais donc Masashi, qui reprenait son nom et jurait à son amie de retrouver et d’aider l’humaine. Si ca inspire plus quelqu’un, ca peut encore se faire.
Et pour finir, merci à ceux qui ont lu ce BG jusqu’au bout, et merci pour ce serveur, si agréable.


Dernière édition par Crystale le 11/4/2009, 16:33, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [BG Sombre] Allia (bon courage à qui le lira)   [BG Sombre] Allia (bon courage à qui le lira) Icon_minitime11/4/2009, 12:36

Alors.

En tant que lecteur.
En tant qu'écrivain à mes heures.

Je suis en total adimration. Aucune répétition, histoire prenante, ça se lit facilement et d'une traite.
Vocabulaire à la fois poussé et évolué tout en restant accessible à tous lecteurs.

Respect du BG sombre du serveur sauf quelque points mineurs. J'aurais pu continuer à lire des heures tant je fus pris dans l'histoire et dans l'intérrogation que se posait ton personnage.

Un tel effort pour un simple BG. Je ne peux que validé.
J'ajouterais avec mon humble critique, qu'il y'a un réel talent derrière ces écrits qui me rendrait presque jaloux.

Juste que les responsable de Maison sont des Matrones et non des matriarches ici. Seul la Reine des sombres à ce titre. Mais tout le reste est d'une cohérence quasi parfaite.

Le meilleur BG qui m'ai été donné de lire.
Un grand Bravo.
Après la correction de Calliope je valide avec joie.
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MessageSujet: Re: [BG Sombre] Allia (bon courage à qui le lira)   [BG Sombre] Allia (bon courage à qui le lira) Icon_minitime11/4/2009, 13:14

Un réel talent...

J'ai été captivée et passionnée par ton écrit. Que c'est bon de se réveiller un samedi matin de printemps avec une aussi bonne lecture.
Fiouu j'en reviens pas, quel talent.

Je comprends ton désire pour que l'humaine soit jouée, ça devrait être une obligation Razz
Peut-être en faisant de la pub, arriveras tu à trouver le joueur.

Pour les fautes, ce n'est pas bien méchant, cependant je pense que j'ai du en oublier certaine, désolée il ne fallait pas faire un si bon Bg.
En rose ce sont les fautes (peux tu les laisser de cette couleur après correction pour que je puisse les ciblées)
En cyan ce sont des phrases que je n'ai pas compris (peut-être par manque de vocabulaires)

Merci de ton investissement pour MS.


PS: tu sais dessiner et écrire, aller plus que 5 arts et tu es parfaites Razz
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Crystale




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MessageSujet: Re: [BG Sombre] Allia (bon courage à qui le lira)   [BG Sombre] Allia (bon courage à qui le lira) Icon_minitime11/4/2009, 15:11

Bonjour et merci à ceux qui ont lu.

Par ou commencer ?

Merci pour vos commentaires très encourageant.

Lorsque j'ai eu l'idée de ce BG, il m'a prise à coeur mais je savais qu'il serait forcément long pour apporter au lecteur l'importance et la nature ambigüe des liens qui unissaient Allia et l'humaine. Du coup, j'avais peur que ce ne soit pas lu ou critiqué.

Je suis donc très touchée par vos critiques. Je vais aller corriger les quelques fautes et je suis sur le dessin en ce moment même.

Si l'un des lecteurs voulait me donner son avis sur la fin initialement prévue, je saurais mieux situer mes prochains récits.

Merci à tous !

ps. : le BG de Crystale prenait une page, celui de gamalia en prenait 4 et celui-ci 16. Si on peut appliquer un rapport de 4, le prochain en prendra 64...
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Zejabel




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MessageSujet: Re: [BG Sombre] Allia (bon courage à qui le lira)   [BG Sombre] Allia (bon courage à qui le lira) Icon_minitime11/4/2009, 15:48

Superbe texte. Ca me donne presque l'envie de créer une humaine... What a Face A voir, à voir...
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Crystale




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MessageSujet: Re: [BG Sombre] Allia (bon courage à qui le lira)   [BG Sombre] Allia (bon courage à qui le lira) Icon_minitime11/4/2009, 16:54

Merci Zejabel, la place est libre (j'ai une autre demande mais rien de concret pour l'instant) donc dis le moi si ca t'intéresse.

Ce sera avec plaisir.

Je retourne au dessin et à la correction.
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Crystale




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MessageSujet: Re: [BG Sombre] Allia (bon courage à qui le lira)   [BG Sombre] Allia (bon courage à qui le lira) Icon_minitime11/4/2009, 17:25

La correction est faite Calliope, mais j'ai laissée certaines parties telles qu'à l'origine, que ce soit pour l'"aurtaugraffe" ou pour les tournures de phrases.

Si certains endroits te semblent encore mauvais, fais le moi savoir (même si ce n'est pas très important, j'aimerai savoir à titre personnel ou sont mes fautes).

Merci de te donner du mal pour corriger nos "copies".
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MessageSujet: Re: [BG Sombre] Allia (bon courage à qui le lira)   [BG Sombre] Allia (bon courage à qui le lira) Icon_minitime

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