Les buissons frémissent
La lune caresse la terre
Un loup part en chasse
Une silhouette se mouvait en silence dans la forêt, on n'entendait que le souffle du vent sur les branches des arbres, que les hululements d'une chouette...
Tout à coup, le vent se fit tempête, un animal effrayé, sans doute une biche se mit à courir... trop tard, la bourrasque de vent atteignit l'animal, lui brisant les os. La silhouette s'approcha à pas feutrés vers l'animal, on ne pouvait qu'apercevoir ses contours, indistincts par cette nuit sombre.
La lune éclaira soudain cette silhouette et on put voir à quoi elle ressemblait ; son visage était celle d'une femme, sa peau couleur de lune noire, ses yeux étaient sauvages, sa bouche s'étira en un sourire cruel... elle était belle, d'une beauté sauvage et cruelle comme la nature.
Cette femme s'approcha de la biche qu'elle venait de tuer d'un sort et la dévora crue. Au matin, un soleil timide éclaira la scène. Il ne restait plus rien, sauf quelques traces de sang et de pas sur le sol, même les os avaient disparu. Les habitants du coin connaissaient cette personne, on disait qu'elle s'appelait Sinyseth, qu'elle était là depuis de nombreuses années, à l'époque de leurs grands pères. Tous les habitants du bord de la forêt en avaient peur, l'on disait qu'elle se nourrissait aussi bien d'animaux que d'hommes, ou que s'ils croisaient son chemin, ils mourraient et leurs cris déchiraient le silence de la nuit.
Jusqu'au matin. Dans la caverne où elle avait élue domicile, au plus profond de la forêt, Sinyseth se mit à chanter et les morts lui répondirent, ils vinrent à elle, chancelant, boitant, décomposés par leur non-vie sous la terre. Ils vinrent à elle pour l'écouter chanter, la magie s'opérait, les morts revenaient à la vie, pour l'écouter, elle se gorgeait de leur désespoir, du fait qu'ils ne pouvaient passer au-delà, leur folie, peur, colère, la rendaient plus forte encore.
Un jour vint, où les chants cessèrent, les morts cessèrent de revenir et plus aucun habitant ne fut tué. Elle en avait terminé avec cet endroit, lorsqu'elle chantait, elle entendait les voix des morts et elle avait entendu une chose qui la fit partir de ce lieu devenu maudit. Elle se mit en route, évitant les humains, ne se nourrissant que la nuit, elle marcha, vers une direction qu'elle seule connaissait, guidée par la seule parole qu'elle avait entendue d'une mère, une mère assassinée par son fils… un jour, elle le flaira, elle sentait sa haine, sa colère et sa folie… ils se ressemblaient.