[Humain (Démon)] Lokk Fölargen

Fiche personnage:

Prénom: Raidh (Lokk IG)
Sexe: Masculin
Âge: 19 ans
Race: Humain
Classe: Archer
Culte: Aucun

Background (partie 1):

Dans une maison de Gludio, une nuit d'orage où même les squelettes des ruines environnantes tremblaient de tous leurs os à chaque coup de tonnerre...


"Catin! Sorcière! Comment as-tu osé enfanter une... une chose pareille?!
- Cette chose, c'est ton fils!
- Tu as vu ses yeux? Regarde-les! REGARDE-LES, J'AI DIT!"

L'homme enserra le menton de la jeune femme dans sa main, et lui fit pivoter la tête, lui désignant le bébé qui gémissait dans son berceau, les yeux embués de larmes, l'un vert, l'autre bleu, scintillant à chaque éclair qui illuminait la pièce.
La mère se dégagea de l'emprise de son amant, et lui cracha au visage.

"Tu en es autant responsable que moi! Cet enfant est aussi le tien, que tu le veuilles ou non! Et si ça te pose un problème, prends-toi en aux Dieux!
- Comment oses-tu jurer sous mon toit... Tu mériterais de brûler dans les Enfers de Shilen, et ton abomination avec toi!
- Je t'interdis de parler de lui de cette façon...
- Je ne VEUX pas de ça dans ma maison! Sors immédiatement ce monstre d'ici, brûle-le, enterre-le vivant, abandonne-le au pied du temple si ça t'amuse, mais qu'il ne pourrisse pas ma lignée avec ses immondices!
- Et sinon, tu fais quoi? Tu le fais toi-même? Tu n'as même pas le cran de le faire!
- Ne me parle pas comme ça! Je suis capable de beaucoup de choses!"

La tension montait d'un cran à chaque échange virulent, et les cris, ponctués par le tonnerre à l'extérieur, se joignaient aux actes, l'homme prenant l'enfant avec violence, le montrant hurlant à sa mère qui lui ordonnait de reposer immédiatement son bébé.

Tout observateur qui se serait trouvé dans les environs aurait alors entendu des cris d'effroi aussi aigus que ceux d'une banshee, les pleurs mêlés d'un nourrisson et le rire fou d'un père qui n'en avait plus pour longtemps à vivre.
Il aurait pu également voir dans les secondes qui suivirent une lueur dans la maison, suivie de hurlements de douleur et de rage tandis qu'une flamme gigantesque se mouvait dans la pièce, puis s'écroulait, inerte, corps mort de celui qui fut quelques minutes auparavant un mercenaire de Gludio.
Si cet observateur avait voulu rester malgré la tempête qui le surplombait, il aurait finalement vu une femme vêtue d'une cape, emmenant à cheval un enfant aux yeux bandés d'un tissu gorgé de sang vers le Sud...



Une dizaine d'années plus tard, lors d'une froide journée d'hiver, à Althena


"Haha, tu l'as pas vue arriver celle-là, hein!"

Le gamin riait, à quelques mètres de lui, fier de la farce qu'il venait de faire au jeune aveugle qui mendiait près de la porte de la ville; puis il lui fit un pied de nez, avant de courir dans la direction opposée, fuyant les remontrances de sa mère qui s'approchait. Celle-ci regarda avec pitié l'orphelin adossé au mur d'une maison, la main tendue, et s'approcha de lui, ses pas crissant dans la neige. L'enfant n'avait pas bronché lorsque la boule l'avait frappé, et les gouttes qui en restaient brillaient dans ses cheveux emmêlés ou perlaient sur ses joues comme des larmes qu'il ne pouvait verser. Il inclina la tête, honorant l'aumône que lui avait faite la femme avant de partir retrouver le malfaiteur, et reprit sa position initiale.

Les gens avaient pitié de son sort, en général, mais ne s'approchaient pas de lui; et les haillons qu'il portait n'aidaient en rien à cela, même s'il se baignaient régulièrement dans la cascade de l'Ondine pour se débarrasser au mieux de la crasse qui le recouvrait.
A la mort de sa mère, seul le prêtre d'Einhasad, venu prononcer l'oraison funèbre, était présent, ainsi que deux ou trois clochards qu'elle avait aidé quelques fois. Pourtant, elle avait des amies dans le village, qu'elle appréciait fort bien: cependant, des rumeurs couraient à son propos ainsi que sur son fils, des rumeurs de sorcellerie et de rituels dédiés à Kain où coulait le sang. Les discussions au marché rapportaient même que le bandeau qui couvrait les yeux de son enfant servait à cacher les yeux rouges qu'il avait hérité d'un démon qui avait possédé sa mère le temps d'une nuit, et qui scintillaient parfois à travers le tissu. Une prophétie inventée de toutes pièces par les commères du village prédisait même la famine lorsque l'enfant prononcera ses premiers mots.
Toujours est-il qu'à présent, il vivait dans les ruines qui bordaient l'ancienne forteresse elfique de l'île, et tentait de survivre grâce à la mendicité et la générosité du prêtre du village, qui priait à chaque fois pour le salut de son âme.



Il y a quelques temps, au cours d'une lumineuse soirée d'été, sur les plages de l'île...


"Essaie de sentir le mouvement de la pierre. Utilise ce que je t'ai appris."

Le jeune homme (car il avait 18 ans à présent) se concentra, comme fixant sa cible à travers le tissu qui recouvrait ce qu'il restait de ses yeux. Il entendit le sifflement du projectile frôlant son visage, et secoua la tête. Son tuteur leva les yeux au ciel, puis ramassa une autre pierre et dit avec patience: "Essaie encore.".
Cela faisait déjà quelques mois que l'invocateur avait recueilli l'orphelin, lui offrant gîte et couvert. Son acte fut de prime abord commis par pitié; mais il s'aperçut très rapidement que son nouveau protégé pouvait apprendre beaucoup de lui, et inversement. Dès lors commença un échange de connaissances assez particulier, le mage apprenant à son élève comment utiliser les flux aériens pour se repérer et identifier ce qui l'entoure, tandis que celui-ci faisait comprendre à son maître, à sa façon, comment il parvenait à s'orienter à l'aide de sens autres que la vue. Ainsi, ils pouvaient rester des heures au même endroit, à écouter, sentir, effleurer, et leur relation évolua subrepticement en une complicité implicite.

Au fil des mois, chacun tirait profit du savoir de l'autre, et bientôt, ..., comme l'appelait son professeur, put sentir ce qui l'entourait par la seule analyse des courants d'air qui le baignaient. Le seul problème étant que ce système nécessitait l'invocation de vents afin de fonctionner, ... confectionna un talisman qui générait une faible brise autour de son possesseur. L'objet en question avait la forme d'une épingle, dont la tête gravée de runes était incrustée d'une pierre de lune qui scintillait dès lors que les rayons de l'astre nocturne en baignait la surface: et il l'accrocha au côté du bandeau de son pupille, afin qu'il puisse s'en servir à tout instant.

Puis le sorcier décida de franchir une nouvelle étape, et inscrivit le jeune homme à l'école d'armes impériale.



Aujourd'hui.


"Archers, vous êtes à présent formés au tir sur cible statique! Mais croyez-vous que vos ennemis vous regarderont sans rien faire, dans le blanc des yeux, pendant que vous vous préparerez à leur ôter la vie? Allez, au travail!"

Les novices partirent chercher leur arc d'exercice ainsi que leur carquois, et se mirent en position face aux instructeurs prêts à lancer les projectiles. Chacun encocha une flèche, et banda son arc et son esprit, prêt à tirer au signal du capitaine. Les mains tremblant sous l'effort pour maintenir la tension de la corde, la sueur perlait sur leur visage, et l'attente se faisait longue, les secondes devenant des minutes, et les minutes des heures, tandis que la morsure de la corde brûlait leurs phalanges.

"Tirez!"

Les assiettes en terre cuite volèrent quelques mètres avant d'être brisées par les traits décochés. Seule une continuait à siffler, se rapprochant du seul archer qui, impassible, attendait l'instant crucial comme le traqueur attend la venue de sa proie, calculant le meilleur moment pour frapper. Puis il décocha, et le projectile se brisa à son tour dans les airs,s 'émiettant aux pieds de l'aveugle devant les regards blasés des autres élèves. Alors que les murmures grandissaient et que des mots tels que "crâneur" ou "m'as-tu-vu" fusaient, le concerné reprit une flèche dans son carquois et se mit à nouveau en position de tir.

Le capitaine, déconcerté un instant, se ressaisit et hurla: "Qu'est-ce que vous attendez? Allez, on se prépare!"

Ainsi passa la fraîche matinée de printemps.


"..., par ici."

Le ton du maître d'armes inspirait le respect et l'autorité habituellement; mais cette fois-ci, c'était plutôt l'instinct paternel qui transparaissait dans ses paroles. L'aveugle le suivit au bruit de ses pas sur les dalles de pierre du bâtiment administratif, et pénétra dans une salle qu'il identifia comme étant le bureau du gradé. Celui-ci s'assit sur une chaise en bois rembourrée de velours aux couleurs adenoises, et invita l'élève à s'asseoir à son tour; puis il prit la parole tandis que l'autre posait son arc à ses côtés:

"Bon, eh bien... Nous avons parlé de ton cas avec les instructeurs archers. Il semblerait que tu sois hors de nos compétences."

Attendant une réponse, le maître se ravisa, se souvenant de l'aphasie de son interlocuteur, et continua:

"Nous ne savons pas comment tu fais pour viser aussi bien avec... tes capacités limitées, mais tu sembles apprendre très rapidement et à ta manière. Nous t'avons appris tout ce que nous pouvions, le reste n'est plus de notre ressort. Tu vas devoir nous quitter.
Ne t'en fais pas, maître ... en a été informé, et a donné son consentement. Il t'adresse ses félicitations, et t'encourage à lui rendre visite à la tour d'Ivoire lorsque tu le pourras."

Le maître d'armes se leva et se dirigea vers une porte différente de celle qu'ils avaient emprunté pour pénétrer dans la pièce.

"Suis-moi, je vais te donner le nécessaire pour combattre et t'entraîner par toi-même."

Ainsi passa la douce après-midi de printemps.


"Soyez maudites, sorcières."

Le jeune archer se tenait dans l'embrasure de la porte, et s'adressait au groupe de vieilles femmes qui, réunies chez l'une d'entre elles, échangeaient rumeurs et ragots autour de thé et de gâteaux. Cette réunion fut très vite écourtée par la venue de l'aveugle, qui, loin d'être touché de mutisme, venait jeter sa malédiction sur elles.

Après être restées coites de surprise durant quelques secondes, elles réalisèrent que le muet avait parlé, et que, selon la prophétie, la famine s'abattrait bientôt sur l'île. Elles hurlèrent alors, hurlèrent pour être bénies d'Einhasad, hurlèrent pour leur salut et celui de leur famille, pendant des heures entières, avant de rameuter le village au temple afin de prier pour que les Dieux les protègent.


"Gludin, je vous prie."

Ainsi passa la chaude soirée de printemps.

Background, partie 2 (applicable une fois le niveau 40 atteint):


« Me voici, Ihlian. »
Le chercheur leva la tête à ces mots, et, lorsqu’il vit son interlocuteur, ses yeux se mirent à briller. Il se leva, tremblant d’émotion, et balbutia :
« Tu… tu parles, Raidh !
- Il semblerait bien, oui.
- V… Viens, assied-toi. »
Le mage commença à contourner la table de travail, faisant bruisser sa robe de sage, pour aller chercher une chaise dans un coin de la pièce et la placer derrière son ancien élève, mais celui-ci le fit lui-même, et le sorcier put sentir un faible courant d’air lui caresser la joue. Il sourit, et retourna à sa place tandis que l’archer s’asseyait et posait ses affaires à ses côtés.
Alors qu’Ihlian ouvrait la bouche pour entamer la conversation, le guerrier l’interrompit :
« Vous aviez envoyé une lettre au maître d’armes. Me voici, tel que vous me l’aviez demandé. Pourquoi cet appel ?
- Oh, eh bien, je vois que tu n’as pas de temps à perdre en futilités et bavardages… A vrai dire, je m’attendais à te voir bien plus tard, mais puisque tu es là. J’ai trouvé un moyen de t’aider à voir, si je puis m’exprimer ainsi, dit-il d’un ton grave et presque solennel. Plus efficace que l’épingle que je t’ai confectionné, mais aussi beaucoup plus dangereux.
- Qu’est-ce que c’est ? répliqua Raidh d’un ton neutre et sans curiosité.
- Hm, allons faire un tour dans la forêt, veux-tu. »

Quelques instants plus tard, les deux compagnons marchaient dans les bois encerclant le cratère de la tour d’Ivoire, et le mage continua son explication :
« Tu sais que Shilen a été bannie des Cieux par sa mère, Einhasad. En secret, elle a enfanté de Démons, dont les dragons. Ces démons… ont une puissance qui pourrait nous être fort utile, notamment si nous parvenons à invoquer un Djinn.
- Un Djinn ?
- Oui, ce sont les démons du vent. D’après les textes de la Grande Bibliothèque, les démons ne possèdent aucune affinité particulière pour un élément lorsqu’ils sont dans leur monde, scellé par les pouvoirs des Dieux ; cependant, certains parviennent à passer outre cette barrière, par l’intermédiaire de démonistes, et sont transformés lors de ce passage en démons élémentaires .
- Quel rapport avec moi ? s’impatienta l’aveugle.
- Calme-toi. Tu sais que c’est la magie du vent qui te permet de tirer à l’arc ; cependant, cela ne sera pas suffisant lorsqu’on t’enseignera les frappes et les techniques qui font la force des archers de notre race. Il te faut une autre sorte de pouvoir, qui te permette de progresser, et d’atteindre le statut de Sagittaire. »
Le chercheur reprit son souffle, et attendit quelques instants en silence que Raidh comprenne l’importance de ce qu’il s’apprêtait à dire.
« Raidh, je te propose de t’allier à un Djinn.
- Si cela me permet de continuer dans l’archerie, je suis d’accord. »
Ihlian en resta sans voix : il ne s’attendait pas à ce que l’archer le prenne aussi bien et avec autant de légèreté, ni qu’il prenne une décision aussi rapidement sans se soucier des conséquences négatives que cela pouvait avoir sur sa personnalité.
« En es-tu sûr ? Tu pourras difficilement revenir en arrière, et tu devras affronter les Êtres de Lumière. De plus, il semblerait que quelques modifications physiques soient apportées à l’hôte une fois la possession effectuée, notamment les yeux rouges.
- Dois-je te rappeler que je n’ai plus d’yeux ? A Althena, les gens me prenaient pour un démon ; à présent, les contes qu’ils ont tissé vont devenir réalité.
- … je suppose que je ne peux pas te faire changer d’avis après t’avoir proposé une pareille offre.
- Tu supposes bien. »
Après un soupir, le mage regarda le ciel quelques instants, plissa les yeux, concentré, puis il baissa la tête, regardant une dernière fois l’aveugle aux yeux bandés qu’il connaissait depuis son adoption :
« Soit à l’entrée du canyon du village des Chasseurs dans trois jours, à la Pénombre. »


Trois jours plus tard.

« Le cycle se répète, le destin suit son cours. La vie donne la mort.»
Raidh se tenait debout, l’arc contre le cœur, près du corps inerte du mage. Il sentait que la vie avait quitté son tuteur, par une sensation étrange qui lui était familière mais qu’il ne se rappelait pourtant pas avoir ressentie auparavant. Tout s’était passé rapidement, sans bavure, et l’invocation avait été parfaite. Seulement, il manquait une donnée fondamentale.

[ 19 ans plus tôt ]
« Lokk, tu seras l’instrument de ma vengeance. Il le faut, pour qu’ils paient ton sacrifice. »
La mère de l’enfant finissait de tracer à l’aide d’une poudre de jais le sceau qui permettrait l’invocation de sa colère. D’une main rapide et expérimentée, elle dessinait sur le sol de l’île des Murmures, sous la pluie fine de la fin de tempête. Le bambin, allongé sur une pierre à la surface plane, hurlait, des larmes de sang coulant sur ses joues lavées par les gouttes qui traversaient le tissu qui le protégeait.
Une fois le dessin achevé, la sorcière prit le bébé dans ses bras et le déposa au centre du cercle, dans l’herbe humide, et se posta à ses côtés, un livre à la main. Elle posa un dernier regard à son fils, et commença à incanter.

Le ciel se couvrit à nouveau de nuages noirs comme l’âme de Kain, les éclairs illuminant la scène d’une lumière blanche et macabre. Malgré le déchaînement des éléments qui s’intensifiait à chaque mot, la femme continuait, la main libre tendue au-dessus du nouveau-né.
Lorsque l’incantation fut terminée, le tonnerre faisait vibrer le sol, et les trombes d’eau qui déferlaient sur l’île dissuadaient quiconque n’était pas fou à sortir. La magicienne sortir alors de sous sa cape une dague rituelle à la lame incurvée, qu’elle brandit au-dessus de l’enfant, avant de lui entailler le doigt et d’imprégner le métal du fluide vital. Puis, dans un mouvement lent et méticuleux, les yeux fermés, elle découpa un tissu immatériel devant elle, psalmodiant. Une déchirure apparut alors peu à peu dans les airs, fin cordon noir ondulant sous les yeux de la femme qui contemplait d’un regard hystérique le fruit de sa rancune.

La suite des évènements s’enchaîna extrêmement rapidement. Le démon invoqué passa dans le monde d’Ether dès que la main de la magicienne toucha le passage. Celle-ci n’était cependant pas prêtre à recevoir l’entité, pensant qu’elle possèderait directement son fils. L’enfant de Shilen prit alors un malin plaisir à tourmenter son hôte inattendu, tandis qu’il franchissait le passage. Puis il s’aperçut qu’une proie bien plus alléchante se tenait à sa portée. Il emprunta alors ce qu’il restait du lien qui unit la mère à son fils pour pénétrer l’esprit du bambin et fusionner avec son âme encore malléable. Après avoir consumé l’être de la femme entièrement, il entreprit de réparer le corps amoché du gamin. Au moment de lui redonner la vue, cependant, le démon se ravisa, entrevoyant un plan encore plus machiavélique.
Il s’endormit donc, attendant le moment propice pour s’éveiller à nouveau.

Le bébé fut retrouvé le lendemain par la doyenne du village qui le recueillit par pitié, et prit soin de lui jusqu’à ce qu’il soit en âge de se débrouiller, dix ans plus tard.

[Maintenant]
Le moment était enfin venu. Le démon s’éveilla à l’incantation du mage, et, contrôlant un instant le corps de l’archer, le tua d’une flèche. Puis, fier de la mentalité qu’il avait façonné, le fils de Shilen ricana au tréfond de l’âme de Raidh, devenu Lokk à nouveau. Les yeux de l’homme brillèrent d’un rouge malveillant derrière le tissu qui les cachait, tandis que celui-ci prenait conscience des nouveaux pouvoirs qui lui avaient été accordés. Puis il s’éloigna, abandonnant la dépouille aux créatures qui rôdaient, tandis qu’un sourire malsain s’esquissait sur son visage.

Enfin, il avait atteint son but.

Dans la salle d’honneur de la guilde des Guerriers d’Aden, une salle annexe au château d’ivoire qui dominait la cité, les Sagittaires de tout Elmoreden s’étaient rassemblés pour assister à l’intronisation d’un nouveau frère. Formant une haie d’honneur sur toute la longueur de la salle, l’arc baissé, la flèche encochée, ils rendaient hommage à celui qui ferait bientôt partie de l’élite humaine de l’archerie.
Lokk s’avança doucement, son propre arc à la main, sentant autour de lui la présence des guerriers qui ont eux-mêmes vécu ce qu’il s’apprêtait à faire en ce moment. D’un pas cérémonial, il rejoignit le maître des Sagittaires et le maître de la guilde des guerriers d’Aden, avant de s’incliner devant eux.
« Raidh Fölargen, guerrier de la race humaine, orphelin d’Aden, tu as fait tes preuves, et ton arc avec toi. Tes flèches ont servi ta cause, et maintenant nous rendons hommage à ce don qui nous est commun. »
Le maître archer se dirigea d’un pas lent vers un autel de pierre brute, sur lequel reposait une flèche de mithril gravée de symboles anciens. Autour de celle-ci se tenaient 8 récipients magiques dans lesquels reposaient les 8 attributs des dieux du panthéon humain : la flamme de Pa’agrio, l’eau de Shilen, les chants d’Eva, la terre de Maphr, le souffle de Sahya, la lumière sainte d’Einhasad et les ténèbres de Kain.

Il prit la flèche, et la tendit au démon :
« Je t’offre à présent de te joindre à nous, Sagittaires, élite intemporelle de l’armée de l’humanité. Rejoins-moi et offre ton art aux Dieux, si tu crois être digne de cet honneur. »
Lokk s’approcha de l’autel, prit calmement la flèche d’un mouvement sûr, et, d’un geste symbolique, l’encocha. Puis il contourna l’autel, faisant face au récipient rempli d’une eau pure et transparente. Il trempa la pointe dans le liquide, avant de prononcer les paroles rituelles :
« Mon art sera celui de Shilen, déesse des Eaux primordiales et des Enfers. »
S’ensuivit alors une salve de flèches au-dehors, sifflant dans les airs pour célébrer l’avènement d’un nouveau Sagittaire, tandis que tous se dirigeaient vers lui pour le féliciter et lui souhaiter la bienvenue dans leur confrérie.


Lokk comprenait enfin les humains qui, fiers, arboraient leur appartenance à l’élite de leur guilde. Il avait ressenti un honneur immense lorsqu’il avait reçu de la part du maître de la guilde des Archers l’insigne des Sagittaires, ces archers légendaires possédant des techniques qu’eux seuls sont capables de maîtriser.
Il avait enfin réussi à contrôler à la perfection les vents qui lui permettaient de se repérer et de viser ; quasiment imperceptible, mais d’une précision redoutable, la brise qu’il générait grâce à son amulette était devenue la vue qui lui manquait. Et maintenant, l’effort qu’il avait fourni était récompensé. Il faisait à présent partie de la confrérie des Sagittaires, et avait voué chacune de ses flèches à sa Mère.
Il était devenu la Flèche de Shilen.