Noble depuis des générations, la famille d'Hadess s'était installée dans une routine coutumière des personnes de hauts rangs sur l'île.
Personne ne sortait du lot, tous suivaient la bonne parole qui d'aussi loin que remontent les mémoires, régissait leur vie.
Une fois l'âge requis, les enfants suivaient un entrainement militaire et fort de cette expérience, ils retrouvaient le cocon familial et sa vie édulcorée, spartiate et sans remous.
Dans ses jeunes années, alors que ses parents rendaient leur visite hebdomadaire à sa grand-mère,
Hadess avait pris l'habitude de se rendre dans une chambre à l'étage. Il y avait découvert un faux mur qui cachait une étagère
Remplie de livres à l'aspect très ancien. Derrière leur épaisse couverture de cuir, ils renfermaient récits et légendes de l’ancien monde, du temps où les Kamaels foulaient d'un pas libre le continent. Les divertissements étaient rares sur l'île, et Hadess ne tarda pas passer ses journées à se remplir la tête de noms de Seigneurs de guerre, de Héros invincibles ou bien de créatures qu'il ne pourrait certainement jamais voir.
Jusqu'au jour où l'âge de débuter son entrainement militaire vînt et bien qu'il était impatient de le commencer, il quitta à regret ses livres et leurs histoires. Il ne put emporter avec lui qu'un seul de ses ouvrages, son préféré. C'était un carnet de bord, rédigé par un soldat humain, il racontait ses péripéties alors qu'il arpentait le continent, à l'époque où l'île des Ames était encore rattachée au reste du monde.
Ses années dans l'armée se passèrent sans trop de casse. Bienqu'aux dires de ses supérieurs, il était un bon élément, il n'appréciait que moyennement cette vie plutôt monotone, rythmée par les entrainements à la caserne. Le soir venu, plongait dans la lecture du carnet de bord, il se rêvait un monde semé d'embuches où le fil de son épée serait émoussé d'avoir trop tranché. Les années passèrent, le blasant un peu plus chaque jour. Arriva la fin de son entrainement de soldat. Il prit le jour même où il quitta la caserne la décision de suivre sa propre voie, de parcourir l'île des Ames et de remplir les pages de son propre carnet de bord du récit de ses haut-faits.
Le tour de l'île ne dura pas longtemps, aucune créature de l'île hélas, ne présenta de réels enjeux et les pages de son carnet restèrent blanches.
Condamné à la vie qu'on lui avait prédit, il regagna la demeure familiale, résigné à ne plus voyager qu'en rêve.
Comme il s'y attendait, on lui proposa un poste chez les gardes de la cité, bien payé et sans surprise.
Mais une chose inattendue se produisit, la barrière qui les isolait du monde se dissipa. A cette nouvelle sont sang ne fît qu'un tour.
Persuadé de trouver une vie meilleure, répondant à sa soif d'aventure, il fît la demande de continuer sa formation de soldat sur le continent et c'est ainsi qu'il gagna son ticket vers les Grandes Terres.
Les pages blanches de son carnet de bord allaient enfin se remplir.