[BG Nain] Bortmiz

Première Partie : Création.



Gyneïde est le résultat d’un esprit additionnant autant son côté artisan que son côté marchand.

Père, comme il lui a appris à l’appeler, n’est autre que ce personnage haut en couleur et d’autant plus imaginatif que farfelu.

Pour poser le personnage, dire que c’était un nain aurait suffit pour la plupart, mais il était bien plus que cela, bien pire diront ceux qui l’ont connu. Posons donc le personnage : nain, donc fatalement petit et barbu, avec le marchandage dans la peau, jusque là rien d’étonnant, et un esprit créatif parmi les meilleurs, même de sa race. Ensuite, quant à dépasser l’esprit et mettre en pratique ses idées saugrenues, c’était autre chose car, aussi créatif qu’il était, faire fonctionner une de ses machines relevait du miracle.

Un de ses côtés qui mérite d’être rappelé mais que nous passerons rapidement car peu reluisant était également son humour : il aimait rire et faire rire, principalement quand il était bourré, ce qui pouvait arriver lorsqu’il sortait parfois de son atelier pour aller boire avec ses amis. Son humour fut qualifié, à juste titre, par la plupart comme de l’humour nain. Voilà.

Ses inventions, bien que pour la plupart inutiles ou peu fonctionnelles, avaient pourtant un côté artistique qu’on ne pouvait nier. Selon l’invention, ce côté artistique durait plus ou moins longtemps : jusqu’à ce qu’elle explose généralement, ce qui pouvait faire varier ce laps de temps de quelques secondes à quelques mois, dans de rare cas. D’ailleurs cet aspect de ses machines n’était même pas vraiment dû à leur beauté ou leur finitions travaillées mais plutôt à la curiosité qu’elles suscitaient, à l’excentricité de l’esprit qui les avait conçut, à l’étrangeté de leur forme ou de leur fonctionnement mais surtout à leur courte durée de vie qui les rendaient éphémères et mystérieuses.

Beaucoup se souviendront de lui pour cela et pour les paris qui se tenaient autour de ses inventions pour savoir combien de temps durerait la prochaine. Mais pour lui, ce n’était qu’un passe-temps, enfin selon ce qu’il disait car cela ressemblait plus à une passion qu’autre chose. En réalité, son métier était celui d’antiquaire, ce qui consistait la plupart du temps à acheter des trucs pas cher et les revendre très cher à des amateurs de vieilleries en tout genre. C’est d’ailleurs grâce à sa profession qu’il arriva a accumuler une foultitude de brols encombrants qu’il utilisait pour fabriquer les concepts qui, après avoir fleuris dans sa tête, fanaient une fois assemblés et montés par ses grosses mains.

Mais ce qu’il voulait par dessus tout, c’était avoir un enfant. C’est peut-être à cause de cette manie d’accumulation et cette excentricité qui le caractérisent qu’il n’a pu trouver la personne qui lui conviendrait, ou plutôt à qui il conviendrait, dans toutes les montagnes de son village. Beaucoup n’aimeront pas ce qui suit, mais il faut pourtant le préciser, peut-être est-ce aussi qu’il était plutôt porté sur les hommes que sur les femmes, ce qui est un problème pour avoir un enfant.

Il conçut, par sa grande force intellectuelle plus que manuelle, celle qu’il appellera alors plus tard sa fille : Gyneïde. Il s’enfermait longuement dans son atelier, où il bricolait généralement ses bizarreries, et se mit à utiliser toute sa créativité pour modeler cette enfant avec plus de précision et de réalisme qu’il n’en avait jamais produit. Elle naquit via les outils et les objets de récup dont il disposait ainsi que des antiquités hautement quottées qu’il détruisit pour recycler des pièces qu’on ne trouvait plus ailleurs.

Son chef-d’œuvre fut mis en fonction, bien que non fini, des mois plus tard. Elle semblait des plus réelle si ce n’était ses yeux qui n’en étaient pas. Effectivement, à la place où devait se loger des globes oculaires factices, mais réalistes, se trouvaient des prototypes de lecture visuelle, sorte d’horribles disques métalliques boulonnés et percés d’un trou d’où se dégageait des lumières rouges vives, et qui révélaient son identité mécanique.

Notre cher inventeur ne voulait se résoudre à la laisser comme cela mais les matériaux lui manquaient pour finir cette partie délicate de son œuvre. Il continuait à commercer à côté de cela, tentant de trouver enfin ce dont il avait besoin pour fabriquer les yeux de la naine robotisée, en vain. Cependant, faisant son éducation, il comprit qu’elle pouvait lui être utile pour garder ses possessions et son commerce, ainsi que sa vie qui pouvait être menacée par des bandits lorsqu’il faisait de longs voyages, tant elle se révéla forte et douée pour le maniement des armes, ce qui n’était pas du tout son truc à lui. Il se rendit compte de cela un jour qu’elle l’aidait à porter de lourds mobiliers à travers son échoppe, un homme y entra et menaça le nain de tuer la fille si il ne lui donnait pas immédiatement la recette. Mauvais jour pour cet homme qui se vit mettre dehors à coup de pied au derrière.

Il est un fait étrange, malgré qu’il n’y ai eu personne pour le remarquer car personne n’avait pu parier sur le dysfonctionnement de Gyneïde puisque l’inventeur prit touts les dispositions nécessaires pour cacher son identité réelle aux autres. Ce fait donc était le suivant : après de très nombreux mois, Gyneïde n’explosa pas. Mais il faut l’admettre, elle tomba en panne d’autant plus souvent qu’elle lui était utile et il devait encore passer des heures devant son bureau à la réviser.

Malheureusement, ces pannes fréquentes se révélèrent un jour mortelles pour ce nain homosexuel que nous connaissons à présent plutôt bien.


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