Retranscription effectuée par Lisa Heon, théologienne, d'un rituel kainiste dans la forêt près de Rune.
Tout était calme sur la place du village. Les ombres d'une vie passée dansaient sur les murs en ruines, et la lueur de la lune perçait les arbres par endroit, ajoutant à l'aspect irréel du lieu; au centre, l'un des seigneurs du domaine veillait à ce que les visiteurs ne perturbent pas la paix éternelle de la forêt. Seuls les bruissements d'ailes des chauves-souris et les bruits étranges de quelconques créatures des environs venaient briser la quiétude environnante, mais cela devenait rapidement habituel pour quiconque restait ici... quelques temps.
Les quatre voyageurs se tenaient debout, pointes d'un losange symbolique centré autour d'une coupole où reposait une rose fânée, assez loin du maître des lieux pour ne pas le perturber. A côté de chacun se tenait un objet, ustensile rituel, et tous représentaient un des quatre points cardinaux, et bien plus encore.
Après un moment de silence où chacun s'apprêtait à ce qui allait se dérouler, l'homme se tenant à l'Est entama la cérémonie:
« Au commencement étaient les Dieux éternels. Einhasad, l'Ordre, la Lumière. » La sombre qui se tenait face à lui s'avança d'un pas. « Kain, le Chaos, les Ténèbres. » Lui-même, il fit un pas en avant.
Puis le rituel continua:
« De leur union naquirent les Dieux élémentaires, puis leurs créations. Shilen, l'eau, les elfes. » Le jeune humain pris la coupe d'eau qui se tenait à sa portée, et en versa le contenu sur la rose centrale.
Puis ce fut au tour de la nécromante occidentale: « Maphr, la terre, les nains. », déposant à son tour sa contribution à la création, une poignée de sable.
Vint ensuite le guerrier: « Pa'agrio, le feu, les orcs. ». Il déposa une gerbe de flammes près de la rose, symbole de la force brute.
Enfin, la magicienne du Sud, fille de Shilen: « Sahya, l'air, les arteias. ». Elle souffla sur la rose, créant des remous à la surface de l'eau et faisant onduler les pétales de la rose.
Le prêtre continua alors l'incantation:
« Kain, le Chaos.» Il reccueilli dans une bourse près de la rose une poudre étrange, d'un noir de jais et fine comme de la poudre de mithril. La versant délicatement sur l'ensemble central, il finit sa phrase: « Les humains. ».
La flamme s'éteignit alors sous l'effet d'un vent onirique, la coupole prit feu un instant avant de laisser place à une eau aussi sombre que l'âme du Père, contrastant avec la rose qui, renaissant de ses cendres, prit la couleur du sang, celui qui coule dans les veines de chaque enfant du Chaos. Les participants furent alors envahis par l'élément qu'ils avaient invoqué auparavant: feu, eau, terre et air prenaient à présent place dans l'esprit de chacun, qui put contempler le pouvoir de ceux-ci.
Après quelques minutes, la transe s'estompa peu à peu, et l'homme clama d'une voix assurée, indiquant ainsi la fin du rituel: « Sans ténèbres, la lumière n'est rien. Sans passion, la puissance n'est qu'illusion. Sans Chaos, la vie n'est plus. ».
Chacun retourna alors à ses occupations, en ville, la volonté de leur dieu présente en leur corps, et le brasier de la foi plus vif que jamais.